Page:La Mothe Le Vayer - Œuvres, Tome 5, Partie 1, 1757.pdf/379

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
369
DE IULIEN


que ne le ſont les Panegyriques, ni les Philippiques, ou Invectives, qui n’obtiennent : preſque nulle créance de nous au prix de ces autres compoſitions.

Pour plus grande preuve de ce que nous diſons, il ne faut que voir de quelle façon nos Hiſtoriens Chrétiens ont parlé de Julien, & nous trouverons, qu’encore qu’ils aient tous deteſté ſon Apoſtaſie, & ſa cruauté envers les Fideles, ils n’ont pas laiſſé de reconnoitre les bonnes parties, qui étoient en lui, ſes avantages de Nature, & les dons de Dieu, dont il abuſoit. Quant aux Auteurs de l’Hiſtoire Eccleſiaſtique, encore que leur ſujet il ne ſouffrit preſque pas, qu’ils parlaſſent en bonne part d’un ſi grand Perſecuteur de l’Egliſe, ſi eſt-ce que Socrate priſe ſon éloquence, s’excuſant de ce qu’il n’emploie pas un ſtyle plus relevé à décrire les geſtes d’un Prince ſi diſert. Il reconnoit, que c’eſt le ſeul de tous les Empereurs depuis Jule Céſar[1], qui prononça dans le Senat ſes propres harangues, après les avoir compoſées pendant le ſilence de la nuit. Il avouë, qu’il honoroit tous les hommes ſavans, & ſur tout les Philoſophes. Et il remarque, qu’il chaſſa de ſon Palais les Eunuques, les Barbiers, & les Cuiſiniers, encore que ce ſoit en dimi-

  1. Lib. 3. cap. 10.

Tome V. Part. I. A a