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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


preſque dépeuplé le monde de bœufs, par la fuperfluité des ſacrifices, qu’ils faiſoient ? Et ne remarque-t-il pas encore ſa trop grande ſévérité, lorſqu’il défendit aux Profeſſeurs de Grammaire & de Rhétorique, qui étoient Chrétiens, de ne plus enſeigner la jeuneſſe ? Eutrope n’a pas fait difficulté non plus de lui reprocher l’excès de ſa rigueur contre la Réligion Chrétienne. Il dit, que ſon ambition lui donnoit quelquefois des tranſports d’eſprit fort repréhenſibles. Et il obſerve, que ſa négligence donna ſujet à quelques uns d’offenſer ſa réputation. Aurelius Victor touche encore cette négligence, & reconnoit que les bonnes parties, qui étoient en cet Empereur, recevoient quelque préjudice tant de ce côté là, que de celui de la ſuperſtition, de la témérité, & de la gloire, dont il étoit deſireux au delà de toutes les bornes raiſonnables. C’eſt ainſi que les loix de l’Hiſtoire obligent ceux qui l’écrivent, à donner connoiſſance de ce qu’il y a de bon & de mauvais en chaque choſe, ſans faire difficulté de veſperiſer ou reprimander les mêmes perſonnes qu’ils ont déja paranymphées ou louées. Et cette néceſſité de n’épargner jamais la vérité, eſt ce, qui rend les ouvrages Hiſtoriques beaucoup plus conſidérables,


que