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DE IULIEN


fin, nonobſtant toutes ſes méchancetés, qu’il conte fort au long, il fait ce jugement de lui après ſa mort. C’étoit un homme ſi fort paſſionné pour la gloire, qu’il la recherchoit même en des choſes de néant ; mais il ſouffroit fort patiemment la correction de ſes amis. Il étoit très bien inſtruit en toute ſortes de diſciplines, & principalement en celles qui ſont tenues pour les moins connuës. Au ſurplus il vivoit dans une telle temperance, qu’à peine le voioit-on cracher, & il avoit accoutumé de dire, qu’un Philoſophe s’abſtiendroit même de reſpirer ſi c’étoit une choſe poſſible. Cedrenus uſe de ces termes. Comme ce Prince étoit très ambitieux & très impie, auſſi étoit-il des plus abſtinens en ce qui touche le ſommeil, le luxe, & les paſſe-tems amoureux. Blondus, qui dedia ſa Rome triomphante[1], il y a près de deux cens ans, au Pape Pie Second, n’a point feint de nommer Julien, virum ingentis ſpiritus, doctrinæ, & virtutis : attribuant à ſon mérite, & à ſa vertu toutes ſes victoires, plûtôt qu’au nombre & à la force de ſes Legions. Mais Pomponius Lætus s’eſt donné beaucoup plus de licence que tous ceux-là, dans ſon Abregé de l’Hiſtoire Romaine, qu’il adreſſe à un Evêque Borgia un peu de tems depuis Blon-

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