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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


dus. Apres avoir conté, comme la mere de Julien ſongea durant ſa groſſeſſe, qu’elle enfanteroit un Achille, il le compare à Titus dans les exercices de la paix, & à Trajan pour les ſuccés de la guerre. Julien n’avoit, dit-il, pas moins de clémence qu’Antonin, de modération que Marc Aurele, ni d’étude, que les plus grands Philoſophes. Il exaggere enſuite ſa mémoire, ſa liberalité ; ſa temperance, & ſes autres vertus, aſſurant, que pendant ſon gouvernement on croioit, que la Juſtice fût deſcenduë du Ciel en terre. Bref, ni Ammien ni Eutrope n’ont rien écrit de beau touchant l’expedition militaire de Julien en Perſe, ni de conſidérable au ſujet de ſa mort, que Pomponius ne rapporte, jugeant avec eux cet Empereur digne d’être mis entre les premiers Héros, comme celui, dont on peut dire que la bouche & la main ont été très utiles au public, & ſingulierement à ſa patrie. Certes, c’eſt en parler bien indifféremment pour un Chrétien, & il me ſemble, qu’il devoit au moins excepter l’interêt de la Réligion. Baptiſta Egnatius n’a pas été ſi diffus que lui ſur le même ſujet[1]. Il attribuè pourtant à Julien un eſprit ſublime, fin & très ardent aux lettres, ajoûtant, que s’il l’eût retenu, & ſon excellent

  1. L. 1. Rom. Princ.