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DE IULIEN


me après ſa mort, ne nous peut pas empêcher de déferer au témoignage de deux Hiſtoriens, qui parlent de ce qu’ils ont vû. Ammien principalement, qui paſſe pour un Auteur digne d’être crû en tout le reſte de ſes livres, qui n’a rien pardonné à Julien, comme nous l’avons fait voir, & qui l’a même taxé de ſévérité contre les Chrétiens, ne doit pas être rejetté, ce me ſemble, en cette ſeule narration. Il le repréſente courant ſans ſa cuiraſſe à la premiere alarme des ennemis[1], parmi leſquels il reçût le coup, dont on n’a jamais ſçû le véritable auteur. Auſſitôt, qu’il eût repris un peu de force par le premier appareil de ſa plaie, il demande ſon cheval & ſes armes pour retourner dans la mêlée, & fait paroitre un courage de Général, qu’Ammien ne peut s’empêcher de comparer à ce lui d’Epaminondas au combat de Mantinée. Les propos, qu’il tint enſuite, touchant le mépris de la mort, le regret ſeul, qu’il temoigna de celle d’Anatolius, la véhémence avec laquelle il reprit ceux, qui pleuroient autour de lui, & ſon dernier entretien avec Priſcus & Maximus ſur l’Immortalité de nos Ames, ſont des preuves d’une vertu, à laquelle il n’a manqué, que la Foi, pour être tenuë bien-heureuſe. Sans mentir, on peut

  1. Lib. 25.

Tome V. Part. I. B b