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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


des cérémonies, qu’ils pratiquoient en l’honneur de la Mere des Dieux ? Or toutes ces abominations étoient entretenues par une infinité de Prêtres, de Sacrificateurs, & de perſonnes de l’un & de l’autre ſexe, âttachées à ce deteſtable culte, & que le peuplé ne laiſſoit pas d’avoir en grande vénération. C’eſt ce qui portoit ce miſerable Empereur, qui aſſez êtoit, en haine du Chriſtianiſme, dë paroïtre tres devot dans ſa Réligion, à faire cas de cette ſorte de gens là, à leur donner libre entrée dans ſon Palais, & à les tenir même proches de lui, lorſqu’il paroiſſoit en public. Et voilà le ſujet du reproche que Saint Chryſoſtome lui fait, fondé ſur un véritable recit de ce qu’il avoit vû vint ans auparavant dans Antioche, & accompagné de cette animoſité juſte, dont il étoit porté contre un ſi redoutable ennemi de la Foi. Car pour ce qui regarde la diſſolution de ſes mœurs, ſans m’arrêter à ce que toutes les Hiſtoires la démentent, & ſans faire valoir ce qu’il publia là-deſſus de ſon vivant dans ſon Miſopogon ; y a-t-il apparence, qu’étant à bon droit ſi hai, comme il étoit, & ſi éclairé de tout le monde, on ſe fût contenté d’une accuſation générale ſans rien particulariſer ? Qu’on jette les yeux ſur ce qui s’eſt publié de ſes ſemblables, de Tibere, de Caligule, ou de Neron