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DE IULIEN


reux, que l’âge l'ait delivré de la ſervitude inſupportable de l’Amour ; Et qu’il avoit en core ſouvent dans la bouche quelques vers du Poëte Bacchilide ſur ce ſujet. Cependant Saint Jean Chryſoſtome entre autres afſure avoir vû dans Antioche cet Empereur, environné de toute ſorte d’hommes perdus, & de femmes débauchées, de façon, qu’on le prendroit, ſelon qu’il eſt repréſenté dans ce Tableau, pour l’un des plus diſſolus Princes, qui fut jamais[1]. Je ſais aſſez le reſpect, qui eſt dû à un ſi grand perſonnage que Saint Chryſoſtome, & je ſerois bien faché, d’avoir douté de ce qu’il affirme ſi préciſément, comme témoin oculaire. Mais je tiens auſſi pour certain, que l’accés libre, qu’il dit, que Julien donnoit à tant de perſonnes diffamées, doit être plûtôt imputé à ſon idolâtrie, & à ſa ſuperſtition, qu’à ſon impudicité. En effet, la Réligion Paienne avoit entre pluſieurs abſurdités celle-là, d’honorer je ne ſai combien de Divinités ridicules & honteuſes. Pour ne rien dire de leur Dieu Priape, ni de leurs Déeſſes Pertunde, Salacie, & autres, dont Saint Auguſtin s’eſt ſi bien moqué dans ſa Cité de Dieu[2] : ne ſait-on pas ce qui ſe commettoit dans leurs Temples de Venus, parmi leurs Bacchanales, & au milieu de ces gran-

  1. Orat. adv Gentes.
  2. Lib. 5. de Civ. Dei.
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