Page:La Mothe Le Vayer - Œuvres, Tome 5, Partie 1, 1757.pdf/402

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
392
DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


ence d’attribuer les mêmes titres à Céſar ou à Alexandre, puiſqu’ils étoient tous deux Idolâtres. Et il ne ſeroit pas permis non plus par la même raiſon de dire, que Ciceron & Demoſthene ont été de grands Orateurs, à cauſe de leur infidelité. Ce ſont des ſcrupules, que nous avons combattus dans toute la ſuite de ce Livre ; & je dis particulierement à l’égard de Iulien, que s’ils étoient confidérables, tous ceux qui ont travaillé à l’édition de ſes livres ſeroient repréhenſibles, puisqu’ils ont reconnu par là, qu’il pouvoit venir quelque choſe de bon d’un Rénegat. Le Réverend Pere Petu ſur tous, qui a le plus contribué à cela, & que je nomme volontiers, à cauſe de ſa grande doctrine, de ſon zèle pour la Réligion, & de ſa ſuffiſance, que tout le monde connoit, auroit ſans doute fait faute de nous recommander un ouvrage comme très utile, & même néceſſaire à l’intelligence de beaucoup de choſes, qu’il faloit plûtôt ſupprimer. Et quand il donne la qualité de docte & de diſert à un ſi méchant Empereur, il commettroit le même crime, qu’on veut imputer à ceux, qui lui attribuent la Prudence, la Force, & quelques autres vertus ſemblables. Car quelle apparence y a-t-il de lui accorder des vertus ou habitudes intelle-


ctuelles