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DE LA VERTU DES PAYENS.


l’Evangile, en obſervant les ſeuls préceptes naturel [1], qui nous porter aimer Dieu plus que nous-même, & à n’offenſer jamais perſonne ; ce qui comprend tout le Decalogue ſelon le texte de l’Evangile. C’eſt dans ſon Commentaire ſur le ſecond chapitre de la Geneſe, où il ajoute, que pour cela Socrate, Platon, & quelques autres Philoſophes ont pu faire leur ſalut, encore qu’ils

    lerent, ſi ipſi cogmoviſſent Deum Hebracorum eſſe verum Deuin ; 2nullo modo credenduin eſt, quod non converſi fuiſſent ad illain legein, quam ipſè dediſſet, approbantes illam tanquain optimnain. Et ſic de Platone 5 Socrate dicenduin eſt 5 de caeteris, quod licet cogno verint quod verus Deus fit gliquir, à5 illum coluerint, ignoraverunt tamen an Deus Hebracoruin eſſet verus Deus : inno uon crediderunt eſſe verum Deum. Pour troi ſiéme texte on peut voir ce qu'il écrit dans le chapitre cent ſeptié me de ſon cinquiéme Paradoxe où traitant du premier âge, & de ceux qui vivoient dans la Loi de Nature, il ſoutient, que les Gentils qui l'obſervoient ſe pouvoient ſauver. Et après avoir montré que le paſſage de l'Apôtre, Omne quod mon eſt ex Fide, eſt peccatum, ad Rom. cap. 24. ne veut dire autre choſe ſi non que, quicquid eſt contra id, quod homo credit eſſe bonum, eſt peccatum, il uſe de ces termes : Nam ſicut nunc per contritionem cum propoſito confitendi & obe diem di Eccleſiae in ſatisfactione peccatorum, tolluntur realiat, ita
    & tunc 5 ab origine creati ſaecu li in quacunque gente hoc obtinuit, ut ſola contritione peccamina de lerentur. Unde etiamſi quis eo tempore tota vita Idola coluiſſet, aut aliis ſe facinoribus 5 flagi tiis immiſcuiſſet, mox ut de eis do leret, reiniſſa erant, dicente Eze chiele : Si impius egerit poeniten tiam ab omnibus peccatis ſuis, omnium iniquitatum ejus, quas operatus eſt, non memorabor, cap. 1$. AEqualem enim vigorem com tritio oinni tempore habet. Ilen ſeigne la même doctrine dans ſon Commentaire ſur le Livre de Ruth, & en a beaucoup d'autres lieux. Mais pour revenir à St. Auguſtin, quelque para phraſe qu'on puiſſe faire ſur une autre de ſes Epitres, qui eſt la nonante-neuviéme, & quelque interpretation qu'on lui donne, l'on ne ſauroit la lire ſans re connoitre manifeſtement deux choſes ; la premiere, qu'il attri buë beaucoup des Verrus aux Païens : la ſeconde, qu'il a ſou haité, ſans l'eſperer néanmoins, que ceux qui les avoient poſſe dées fuſſent exemts des peines de l'Enfer.

  1. Math. c. 7. art. 12. & c. 22. art. 40.