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DE LA VERTU DES PAYENS.


Dominicus Soto[1] (m)[2]ne peut ſouffrir dans ſon traité de la nature & de la grace ceux de l’opinion contraire, qu’il nomme injurieux envers la Nature humaine, & maintient que le ſecours général de Dieu ſuffit au libre arbitre pour ſe porter au bien.

    pute contre les Pélagiens, dont l’héréſie n’a paru qu’un peu de tems après le ſien. Ils ſont ſans doute de leur grand adverſaire Saint Proſper, diſciple de Saint Auguſtin, & l’un des plus determinés defenſeurs de ſa doctrine. Or, outre la maxime qu’il établit dès le premier chapitre du ſecond livre, & qu’il confirme dans le trentiéme, que Dieu veut, que tous les hommes ſoient ſauvés, ou ſelon les termes du vint cinquiéme chapitre : Deum ob generalem gratiam omni tempore velle ommes ſalvos fieri, at peculiari gratia uoſdam tantum : Il paſſe outre le dix-ſeptiéme du même livre, oû il parle ainſi : Quod ſi forte quemadmodum quaſiiam Gemtes, quod ante mon morunt, in conſortium Filiorum Dei novi mus adoptatas, ita etiam nunc in extremis Mundi partibus ſunt aliquoe Nationes, quibus mon dumgratia Salvatoris illuxit : mon ambigimus, etiam circa illas oc culto judicio Dei tempus vocatio mis eſſe diſpoſitum, quo Evan gelium, quod nomdum viderunt, audiant atque ſuſcipiant. Qui bus tamen illa menſura genera iis auxilii, quae deſuper omni bus ſemper hominibus eſt praebi ta, non negatur : quamvis rem acerbo matura humana vulnere ſauciata ſit, ut ad agnitionem Dei meminem contemplatio ſpon tamea plene valeat erudire, miſ, obunbrationem cordis vera lux diſcuſſerit, quam inſcrutabili iu dicio Deus juſtus 5 bonus, mon ita prateritis ſeculis quemadmo dum in moviſſimis diebus effudit. Voilà ſon ſentiment favorable aux Nations qui n’avoient pas encore été éclairées des lumié res de l’Evangile, annoncé de ſon ſiécle ſeulement aux Ecos ſois, comme il le témoigne ſur la fin de ſon livre contra Collato rem. Que n’eût-il point écrit en faveur d’un noveau Mon de, s’il ſe fût découvert de ſon tems ?

  1. Lib. 1. c. 31.
  2. (m) Dominicus Soto combattant l’opinion de Grégoire de Rimini, & de ſes ſuffragans, dans ſon remier livre de la Nature & de a Grace, chapitre vint uniême emploie ſes paroles ; Non por ſuin, fateor, mon oegreferre, quamº hoc artatis mataram humamanº monnulli proſtraverint, affirmantes nil prorſus boni in moribus libº rum arbitrium auxiliogenerali Dei poſſe, at quidquid ab homine º* turaliter procedat, peccatum eſ** Id quod ſemper abſurdiſſimum judicavi.