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PREMIERE PARTIE


de ceux, qui étoient auparavant, & en faveur de qui nous l’avons déjà alléguée ?

    les ſentimens de deux perſonna †l’erudition & la pieté ivent être de très grande con ſidération. Le premierſera l’Ayeul de Monſieur le Chancelier, † a eu ſoin que l’ouvrage d’un î digne prédeceſſeur fût mis en nôtre langue par l’une des Plu mes que nous aions la plus ca pable de s’acquiter de cette char # Voici donc ce que je tran cris du quatriéme chapitre des Elemens de la connoiſſance de Dieu & de ſoi même, compo ſés ar Meſſire Pierre Seguier, Préſident en la Cour de Parle ment de Paris… Il y en a quel ques-uns, leſquels conſidérans les bonnes actions que ces Philoſophes ont exercées durant leiir vie, ne déſeſperent point de leur ſalut, 5’excuſent en quelque ſorte leur Ido lâtrie, puiſqu’elle me procedoit point de leur jugement, mais qu’elle étoit un effet de la coutume publique, è3’qu’ils la voioient autoriséè par les anciennes Loix du pais, 5 confir mée par les Ordonances du Prin ce Quant à nous, ſi l’on mous preſſè de dire nôtre ſèntiment ſur cette matiere, nous eſperons, ſi cela ſe peut legitimement eſpèrer, que ces anciens Philoſophes, qui ont ex ercé des actes de luſtice, 5 de pie té, qui ont mené une vie ſans tâ che & ſans reproche, 5 qui ont recommu 5’adoré un ſeul Dieu, trou veront grace auprès de Dieu mé me ; que ſa miſèricorde infinie com ſamuera leurs defauts, & leur par donnera l’ignorance où ils ont été des Myſteres de Ieſus Chriſt.

    Le ſecond eft le Bien-heureux
    Evêque de Géneve St. François de Sales, lequel dans ſon Traité de l’Amour de Dieu, livre onziéme, chapitre ſecond re connoit, que les Vertus peuvent être pratiquées par les Infideles, bien qu’elles me ſoient pas recom pensées d’un loier étermel. Si vous voulés, dit-il, rendre ſainte la Vertu humaine 5 morale d’Epi étete, de Socrate, ou de Demnade, faites-la ſeulement pratiquer par une ame vraiement Chrétienne. Et notés, ajoûte-t’il, que toute œuvre vertueuſe doit être eſtimée œuvre du Seigneur ; voire inéme quand elle ſroit pratiqué pur un Infidele. Ce qu’il prouve par la guerre de Nabuchodonoſor con tre les Tyriens, qui fûtjuſte & agréable à Dieu.

    En vérité, il y a dequoi s’étonner, que toutes ces autori tés tant anciennes que moder nes, ne puiſſent rien ſur l’eſprit de ceux, qui veulent faire rece voir leurs ſentimens particuliers au préjudice de ce que toutes les Ecoles Catholiques ont en ſeigné publiquement juſqu’ici. I’ai répondu déja aux textes de St.Auguſtin, qui ſemblent favo riſer la doctrine de ces gens-là. Et ajoûte qu’il a donné lui-mê me la regle de ce qu’il faut ob ſerver en de ſemblables rencon tres, contre des perſonnes ſiat tachées à leurs opinions † lieres. C’eſt dans ſon Epitre dix neuviéme, qu’il écrit à St. Ierô me qui ſe vonloit ſervir contre lui de l’autorité d’Origene, & de St. Chryſoſtome. St. Auguſtin