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DE LA VERTU DES PAYENS.


roit-elle pas lieu auſſi bien a l’égard des Païens, qui ont vécu pendant le tems de la Loi que

    plaſtra Chirurgorum : 5 eadem jides operatur in mobis, 5 in omni Natione, quoe explicito 1 einedio, mobis revelato, caret. Quomiam Chriſtus, ut ait Sanctus Iuſtinus, eſt Dei Verbum, 5’Ratio, diétans in corde hominum rationaliuin, quid pro ſalute agendum eſt in omnibus Gentibus. Ergo ſſ mulli defuit remedium in ulla lege, ma tiome, è9 atate ; nullus vere repro batus eſt antecedenter ad culpam, d5 ad megleétum remedii. Ce Livre a reçû l’approbation Romaine, & celle de la Sorbonne de Paris.

    Voici les propres termes du Pere Pierre du Iarric Ieſuite, pris du quatriéme livre de ſon Hiſtoire des Indes Orientales cha’pitre dix huitiéme oû il parle des Chinois : Au reſte leur Hiſtoire célébre fournit aucuns de leurs Rois, qui ont été ſi gens de bien, que peut-être auront-ils été ſauvés en la Loi de Nature, vû les he roiques actes de vertu qu’ils ont fait, s’il faut croire à ce qu’on en trouve écrit en leurs livres. Car d’ailleurs on ne ſait point, qu’ils aient été adonnés à l’idolatrie : ains plûtôt qu’ils ont fait profeſſion de l’adoration d’un ſeul Dieu.

    Hieronymus Aleander fit imprimer à Rome, & dédia au CardinalFrançois Barberin l’ex plication ſymboli navis Eccleſiam referentis, où il parle ainſi : Ne que vero ambigendum eſt, quin 5’aliqui ex Ethnicis ante Chriſti ad ventum aeternam ſint adepti ſalu tem, quodprae caeterisoſtendit Di eus Proſper lib. 2. de vocatione
    Gentium cap. Il croit après luſtin, que Socrate & Heraclite ont été Chrétiens& ſauvés Que Dieu recompenſoit labonne vie & l’innocence des Ethniques d’une connoiſſance obſcure de Ieſus Chriſt, par laquelle ils ſe pouvoient ſauver. Et qu’Héraclite prit cette connoiſſance des Sibylles ; d’où vient que ce Philoſophe dit dans le premier livre des Tapiſſeries de Clement Alexandrin, qu’elles avoient paru au Monde par une voie non pas humaine, mais toute divines.

    Fortunius Licetus a écrit deux livres, De pietate Ariſtotelis er ga Deum 5 homines, qui n’ont été mis au jour qu’en mille ſix cent quarante cinq. Tout ſon ouvrage juſtifie la doctrine de ce Philoſophe, en ce qu’il ſem ble qu’elle ait de plus contraire au Chriſtianiſme. Mais le der nier chapitre du premier livre, Unde ſalus animae Ariſtotelis ve re colligi poſſe videatur, eſt ex près pour ſa beatitude éternelle,. la fondant principalement ſur cette contrition, qu’on lui attri buë dans le dernier moinent de ſa vie, & ſur la bonté infinie de celui, cujus proprium eſt miſere ri ſemper 5 parcere, ſi l’Egliſe ne nous trompe point dans ſes prieres journalieres. Deux In quiſiteurs Généraux ont approu vé ces livres, que l’Auteur a dédiés au Pape Innocent Dix ſéant pour lors dans la Chaire de Saint Pierre.

    Ie veux finir ces Preuves qui pourroient aller à ſ’infini, par