Page:La Mothe Le Vayer - Œuvres, Tome 5, Partie 1, 1757.pdf/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
61
PREMIERE PARTIE


tant leur libre arbitre à la raiſon, ont fait tout ce qui étoit de leur pouvoir, puiſqu’ils ne connoiſſoient point d’autre Loi que la naturelle. On doit donc croire, que Dieu ne leur a pas dénié ſa graco, ni ſon aſſiſtance, & par conſequent, qu’ils meuvent être du nombre des Bien-heureux.

Celui-là doit encore être crû avoir fait tout ce qu’il a pu, qui a témoigné d’aimer Dieu de tout ſon cœur, & ſon prochain comme ſoi même, puiſque toute la Loi & les Prophètes dépendent de ces deux préceptes, par le paſſage de Saint Mathieu que nous avons déja cité[1]. Or nous ſavons, que beaucoup de Philoſophes Gentils ſont arrivés à la connoiſſance d’un Dieu ſouverainement bon, ce qui le rend aimable ſur toutes choſes : Et qu’ils ont enſuite conſidéré tous les hommes comme des enfans d’un ſi bon Pere, qui devoient par conſequent s’aimer comme frères, & ne faire jamais l’un à l’autre ce que chacun d’eux n’eût pas voulu qui lui eût été fait en particulier ; précepte fondamental de toute leur Morale. Ceux donc, qui ont ſi bien exécuté ce qui eſt de cette Loi gravée dans nos cœurs, qui comprend toute celle de Moïſe (encore qu’ils ne l’euſſent pas reçue comme les Juifs écrite ſur les tables de pierre) parce qu’ils ſe

  1. Cap. 22. art. 40.