Page:La Mothe Le Vayer - Œuvres, Tome 5, Partie 1, 1757.pdf/83

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
73
PREMIERE PARTIE


chés d’une parfaite repentance, ſe fondant ſur le paſſage d’Ezechiel [1], qui porte, qu’auſſitôt

    Quintilien Lib. 2. Inſtit.c. 17. que ces derniers n’empêchèrent pas qu’un Policrate ne devint ſon Encomiaſte, & n’écrivit ſon E loge auſſi bien que celui de Cly temneſtere, pour tenir compa gnie à l’accuſation de Socrate. loſephe Lib. 20.Antiq. Iud. c. 7. n’a fait nulle difficulté de nom mer cette indigne compagne de Neron, cette célébre Poppée, une femme pieuſe, parce qu’el le avoit favoriſé la demande des Iuifs. C’eſt au même ſens que Lactance Lib. j. de Iuſtitia c. 15. attribué aux anciens Romains la Foi, la Temperance, la Probi té, l’Innocence, & l’Integrité, quoiqu’ils ne poſſèdaſſent pas cette exacte§ qui dans la connoiſſance du vrai Dieu, fait que nous lui rendons le culte que tous les hommes lui doivent. Et nous avons rapporté le pas ſage de Saint Grégoire de Na zianze, Orat. 19. où il dit, que les vertus de ſon pere Infidele avoient été recompenſées du don de la Foi, & que ſes mœurs’l’avoient rendu Chrétien devant qu’il en fit profeſſion. Car il faut rémarquer qu’il étoit alors de la Réligion des Hypſiſtariens, compoſée du Gentiliſme & du Iudaïsme. L’on s’y moquoit des Idoles, mais le Feu y étoit honoré & les Lampes reſpectées, quoi qu’on n’y adorât qu’un ſeul Dieu : La Circonciſion n’y étoit pas reçûé : Le Sabbat néanmoins s’y fêtoit & l’on y obſervoit l’abſtinence de certaines viandes comme parmi les Hébreux. Ces impure-

    tés n’ont pas empêché Saint Gré goire de parler aux termes que nous avons dit, de celui qui é toit encore Iuif & Gentil. Et certes, je ne ſaurois aſſez m’étonner de ceux, qui ſous le prétexte d’embraſſer fort étroitement la doctrine de Saint Auguſtin, s’éloignent ſi formellement de cel le de tous les Peres Grecs & La tins, dont l’Egliſe a les Ouvrages en ſi grande recommandation.

    Cet endroit me fait ſouve, nir de repartir un mot à l’objection de quelques-uns, qui ſe ſont imaginé, à ce que j’apprens, qu’après avoir convaincu Ariſto te d’Idolâtrie par ſon Teſtament, je ne laiſſois pas de le ſauver. Ie répons qu’il n’eſt pas vrai que je l’aie fait. Mais que la faus ſeté des Teſtamens n’étant pas fort extraordinaire dans la vie civile, & conſidérant que ceux qui ont mis ce Philoſophe entre les Bienheureux, avoient pû voir auſſi bien que moi ce qu’on é crit de ſa derniere volonté, je n’ai pas voulu le condanner dé terminément aux peines éternel les. Auſſi que Coelius Rhodi ginus lui donne une répentan ce à l’article de la mort, que Collius ſoutient avoir pû mettre Anaxagore dans le Paradis. Cer tes, les voies de Dieu auſſi bien que ſes jugemens ſont impéne trables. Et l’Egliſe n’aiant rien prononcé § c’eût été une témerité à moi d’y rien défi nir ; encore ue j’aie aſſez témoi— — gné que ſi ! Idolâtrie d’Ariſtote qui paroit dans ſon Teſtament,

  1. Cap. 18.
E v