Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/148

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amour qu’il éprouvait pour Bertalda. Il parcourut fiévreusement le château, interrogeant tous les serviteurs, visitant toutes les chambres ; puis, il sauta sur un cheval qu’on lui amenait. Au moment où il allait s’élancer dans la direction de la ville, un écuyer lui cria qu’il venait de rencontrer la jeune demoiselle sur le chemin de la Vallée noire.

— Dans la Vallée noire ! gémit Ondine. N’y va pas, Huldbrand. Oh ! n’y va pas ! ou bien emmène-moi !

Ses cris se perdirent dans le vent ; le chevalier avait disparu sans entendre les supplications de sa femme. Ce que voyant, Ondine fit amener son blanc palefroi, bondit légèrement en selle et s’enfonça au galop à la poursuite du chevalier, après avoir défendu aux écuyers de l’accompagner.

La Vallée noire s’étendait fort loin, du côté de la montagne. On la nommait ainsi à cause de l’obscurité qui régnait sous les grands arbres dont elle était entourée. Un ruisseau descendait d’une masse de rochers et promenait au milieu des terres ses eaux assombries par le reflet des hauts sapins de la forêt. À cette heure du crépuscule, le paysage prenait un aspect sauvage et fantastique. Le sire de Ringstetten galopait, partagé entre la crainte de ne pas rejoindre la jeune fille avant la nuit et celle de la dépasser sans l’apercevoir. Il se demandait, tout en suivant le ruisseau, s’il ne se trompait pas de chemin. Son cœur battait à se rompre à la pensée que Bertalda, si craintive, allait être perdue en pleine nuit, sous un ciel