Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/154

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reconnais ! Tiens ! le voilà ton baiser ! s’écria le sire de Ringstetten en reprenant son sang-froid. Il tira son épée et en porta un coup terrible sur la forme blanche qui disparut en une masse d’eau écumante dont le chevalier se trouva tout inondé.

— Ah ! il veut m’empêcher de rejoindre Bertalda, murmura-t-il, certain maintenant de l’identité de son adversaire. Il s’imagine que la peur me fera reculer en abandonnant cette malheureuse enfant à sa vengeance ! Mais je le vaincrai, cet esprit maudit, il ne sait pas de quoi est capable un homme qui veut une chose de toutes les forces de son cœur !

Huldbrand, plus décidé que jamais, continua sa marche. Cette fois, le succès couronna ses recherches. À peine arrivé à l’endroit où son cheval était attaché, il entendit un faible sanglot. S’élançant dans la direction d’où venait le bruit, il ne tarda pas à rejoindre Bertalda éperdue qui s’efforçait de gravir la colline pour fuir l’effrayante obscurité de la vallée. La jeune fille avait perdu toute sa fierté et son arrogance. Toute au bonheur de ne plus se sentir seule dans cette nuit terrible, elle n’essaya point d’échapper à celui qui venait la chercher et le suivit sans résistance. Comme elle était épuisée de terreur et de fatigue, le sire de Ringstetten voulut la faire monter sur son cheval, mais l’animal se cabra si furieusement que la jeune fille, tremblante, ne put se tenir en selle. Huldbrand, tirant son cheval d’une main, soutenant de