Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’autre Bertalda, tenta de rentrer à pied. Au bout de quelques pas, il y fallut renoncer. La fugitive venait d’éprouver une telle frayeur en apercevant de loin Kühleborn, que ses forces la trahirent. Elle roula sur le sol en murmurant :

Bertalda dans la Vallée noire

— Laissez-moi, noble chevalier, je suis punie en cet instant de mes folies, je dois mourir ici.

— Jamais je ne vous abandonnerai, mon amie, s’écria Huldbrand, tout en s’efforçant de maîtriser son cheval qui s’emportait, ruait avec une fureur croissante. Craignant que l’animal ne blessât Bertalda, il voulut l’éloigner en le tirant par la bride, mais la jeune fille, folle d’angoisse, le rappela d’une voix désespérée en le suppliant de rester auprès d’elle. Le chevalier eût voulu courir auprès de son amie ; mais il n’osait lâcher la bride de son cheval, redoutant de le voir s’élancer sur l’endroit où gisait Bertalda. Dans cet extrême embarras, quelle ne fut pas sa joie d’entendre le bruit d’une voiture qui se dirigeait sur eux. Il la héla aussitôt, une voix d’homme répondit ; quelques instants plus tard, une grande carriole recouverte d’une toile blanche s’arrêta devant les voyageurs.

Sautant à bas de son siège, le conducteur s’approcha du cheval écumant et dit :

— Je sais ce qu’il y a ; la première fois que j’ai traversé cette vallée, pareille chose est arrivée à mes bêtes. C’est un méchant génie, habitant ces contrées, qui s’amuse à l’exciter. Heureusement, je connais le moyen d’apaiser