Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/156

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votre cheval, je n’ai qu’à lui glisser un mot à l’oreille. Vous allez voir l’effet.

— C’est bon, c’est bon, dépêchez-vous, ordonna le chevalier.

Le charretier s’approcha de l’oreille de l’animal en furie, lui dit un mot à voix basse, et aussitôt le cheval se calma. Huldbrand ne s’attarda pas à demander des explications, il accepta la proposition du conducteur qui offrait de prendre Bertalda dans sa voiture où on l’étendrait confortablement sur des ballots de coton.

— Montez à côté d’elle, ajouta l’homme, j’aurai bientôt fait de vous ramener à Ringstetten.

Huldbrand attacha sa monture derrière la carriole et prit place à côté de la jeune fille, tandis que le charretier guidait l’attelage. L’orage s’éloignait. Dans le silence d’une nuit apaisée, les deux voyageurs rassurés, causaient avec abandon. Huldbrand reprocha tendrement à Bertalda sa fuite précipitée ; elle, émue, s’excusait humblement et chacune de ses paroles pénétrait au cœur de celui qui l’aimait. Il répondait d’une voix passionnée, lorsque la voix du conducteur résonna dans la nuit :

— Holà ! mes chevaux ! levez les pieds ! Encore un effort ! Vous savez ce qui vous reste à faire ! Hardi !

Le sire de Ringstetten, troublé, tressaillit et se penchant vivement hors de la voiture, vit avec terreur que les chevaux s’avançaient péniblement au milieu d’une eau bouillonnante dans laquelle ils semblaient nager ;