Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/162

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suivant l’embarcation. Tous, en voulant se montrer les uns aux autres cette horrible tête, s’aperçurent que chacun en avait une devant lui, et que le bateau en était environné. Un cri de terreur s’échappa de leurs poitrines, Ondine se réveilla en sursaut. À peine eut-elle ouvert les yeux, que les apparitions s’évanouirent. Huldbrand, furieux, allait se répandre en imprécations, quand un regard suppliant de sa femme le contint.

— Au nom du ciel, mon doux seigneur, murmura-t-elle, songe à ta promesse ; ne te mets pas en courroux contre moi quand nous sommes près de l’eau !

Le chevalier se rassit en se mordant les lèvres.

— Ne vaudrait-il pas mieux, mon cher époux, renoncer à ce voyage et rentrer au château où nous étions si heureux ?

— Ainsi, je me verrai forcé de m’enfermer chez moi, comme un prisonnier ! Et là même, il me faut tenir fermé mon puits pour vivre en paix. Ah ! que ta fatale parenté…

D’un geste caressant, Ondine lui posa la main sur les lèvres. Il se tut, se rappelant ce qu’il avait juré.

Cependant Bertalda s’enfonçait dans une profonde rêverie, tâchant de se remémorer tous les détails de la conversation qu’elle avait eue jadis avec son amie, lorsque celle-ci lui parlait de son origine. Mais certains points restaient inexpliqués. Elle ne connaissait ni le nom, ni le pouvoir de Kühleborn. Tout en réfléchissant, elle avait machinalement détaché de son cou un beau collier d’or