Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/163

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dont Huldbrand lui avait fait présent quelques jours auparavant. Elle s’amusait à le baigner dans les flots, admirant le reflet des grains d’or dans l’eau transparente, lorsqu’une main énorme, surgissant du fleuve, s’abattit sur le collier et l’entraîna au fond. Bertalda jeta un grand cri, auquel répondit un ricanement moqueur qui semblait sortir des flots. Plein de colère, le sire de Ringstetten se dressa dans la barque, invectivant les sorciers, esprits et méchants génies qui troublaient ainsi sa tranquillité et celle des siens, et les provoquant à un combat au grand jour. Bertalda pleurait la perte de son joyau et chacune de ses larmes redoublait la fureur du chevalier.

Ondine se mit à supplier son époux :

— Mon bien-aimé, ne t’emporte pas contre moi, tant que nous serons sur l’eau. Tu peux injurier mes parents, mais pas moi, oh ! pas moi, par pitié.

Le chevalier se tut, rongeant son frein au souvenir de ce qu’il avait juré à sa femme. Alors Ondine, laissant traîner sa main dans l’eau du fleuve, se mit à murmurer des paroles que personne ne comprit. Au bout de quelques instants, elle retira sa main dans laquelle étincelait un merveilleux collier de corail. Les perles brillaient d’un éclat si vif et si pur que tous les yeux en furent éblouis.

— Tiens, dit-elle en l’offrant à Bertalda d’un geste gracieux, j’ai demandé cette parure pour toi, en échange de celle que tu as perdue. Sèche tes larmes et prends ce collier, mon amie.