Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/170

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seul espoir était de mourir désespéré. Bertalda mêlait ses larmes à celles du chevalier. Longtemps, ils vécurent ainsi tous deux au château, s’entretenant de la douce Ondine, honorant sa mémoire, ayant presque oublié leur ancien amour dont ils ne voulaient plus parler.

Pour consoler le pauvre affligé, la tendre Ondine venait souvent visiter Huldbrand, la nuit, dans ses songes. Elle s’approchait de lui sans bruit, baisant son front en pleurant, puis s’en allait. Le matin, lorsque le chevalier trouvait, au réveil, sa couche humide de larmes, il ne pouvait savoir si c’étaient les siennes ou celles de sa chère femme.

Petit à petit, les visions devinrent plus rares, la douleur du chevalier se fit moins amère. Peut-être n’eût-il jamais désiré autre chose que de conserver pieusement le souvenir d’Ondine si, un beau matin, une visite inattendue du pêcheur n’eût bouleversé son existence. Le vieillard, ayant appris la disparition d’Ondine, se présenta au château pour réclamer Bertalda, jugeant incorrect que la jeune fille demeurât désormais auprès d’un seigneur qui n’était plus marié.

— Je ne m’inquiète plus, dit-il, de savoir si ma fille m’aime ou ne m’aime pas ; maintenant, il s’agit de son honneur, elle va me suivre.

Le chevalier se représenta avec désespoir la vie triste et solitaire qu’il allait mener après le départ de Bertalda ; il sentit combien elle lui manquerait et, soudain, l’ancien amour se réveilla dans son cœur, il demanda au pêcheur