Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/179

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— Le chant du cygne, se disait-il parfois. Le chant du cygne, mais un signe de mort !

Tout à coup, un des cygnes se mit à lui chanter à l’oreille qu’il planait au-dessus de la Méditerranée. Il considéra attentivement les eaux sombres qui, peu à peu, lui semblèrent devenir si transparentes que ses yeux plongeaient jusqu’au fond. Quelle ne fut pas son émotion, lorsqu’il aperçut, tout au fond des flots, Ondine assise sous les voûtes d’un merveilleux palais de cristal ! Le chevalier eut un mouvement de joie bien vite réprimé lorsqu’il vit le visage de la jeune femme inondé de larmes ; son maintien douloureux, un air d’affliction répandu sur toute sa personne faisaient de la douce créature un être si différent de la joyeuse enfant qu’il avait épousée jadis !

Ondine ne paraissait point se douter que son bien-aimé fût si près d’elle. Son visage était levé vers Kühleborn qui, debout devant elle, la grondait de sa tristesse.

— Je sais bien, dit-elle d’une voix grave qui impressionna le chevalier, je sais bien que je suis ici prisonnière dans le royaume des eaux ; cela ne m’empêche pas d’avoir une âme. Tu ne peux comprendre la raison de mes pleurs, sache cependant qu’elles me sont douces, comme tout est doux à l’âme fidèle.

— Pourtant, ma jolie nièce, répondit Kühleborn, qui ne semblait nullement convaincu, vous restez soumise aux lois inexorables qui nous régissent ; et vous serez