Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/180

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bientôt obligée de trancher vous-même le cours de cette vie précieuse, s’il vous est infidèle par ce nouvel hymen.

— Il n’est pas encore marié, et je sais qu’il m’aime toujours.

— Cela ne l’empêche pas de s’être fiancé, ricana Kühleborn. Dans quelques jours, il sera marié et vous lui donnerez la mort.

— Vous savez bien que non, puisque j’ai fait murer la seule entrée par laquelle nous puissions pénétrer, mes semblables et moi.

— Et s’il quitte, quelque jour, son château ? Ou si, ayant oublié cette vieille histoire du puits, il fait enlever la pierre ?

— C’est précisément pour l’avertir du péril que j’ai attiré son esprit au-dessus de ces flots. En ce moment, il plane au-dessus de nous, il nous entend !

Ondine avait levé la tête avec un sourire angélique, tandis que Kühleborn, poussant un hurlement de rage, s’élança à la surface des flots, rapide comme une flèche. Aussitôt, les cygnes agitèrent leurs ailes, et, tout en reprenant leur chant harmonieux, s’enfuirent. Il sembla au chevalier qu’il traversait de hautes montagnes, des torrents, et qu’il se retrouvait enfin, épuisé, sur sa couche.

Dès son réveil, son écuyer entra dans sa chambre pour lui annoncer que le Père Heilmann s’était établi dans une cabane qu’il venait de se bâtir à la hâte au milieu de la forêt voisine. Comme on lui demandait la raison de cette