Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/186

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Le fantôme arriva à la porte du château, monta le grand escalier, traversa les longs couloirs sombres, en pleurant toujours.

Le chevalier, ayant congédié ses serviteurs, se tenait, à demi vêtu, devant une grande glace, en proie à de tristes pensées, lorsqu’il entendit frapper légèrement à sa porte.

— Tiens ! se dit-il, c’est ainsi qu’Ondine frappait jadis à ma porte, quand elle me taquinait si gentiment ! Allons ! folie que tout cela, il est temps de gagner la chambre nuptiale.

— Oui, murmura du dehors une voix plaintive, mais la tombe sera ta couche nuptiale.

En même temps, Huldbrand put voir, grâce au miroir, la porte s’ouvrir lentement derrière lui. Une forme blanche pénétra dans sa chambre.

— On a rouvert le puits, dit une voix faible, et maintenant, je suis ici pour te donner la mort !

Le chevalier sentit son cœur se glacer, comprenant qu’en effet, rien ne pouvait le sauver. Il se couvrit les yeux de sa main, en disant d’une voix altérée :

— Qui que tu sois, spectre, ne remplis pas mon cœur d’épouvante au moment suprême. Si ton voile cache un visage effrayant, donne-moi la mort sans que je te voie.

— Ne veux-tu pas me voir une dernière fois ; je suis toujours jeune et belle, comme au temps de nos amours !

— C’est toi ? Oh ! si c’est toi, puissé-je mourir de bonheur dans un baiser de toi !