Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/189

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— La main de Dieu se montre en tous ces événements. Personne n’a pu souffrir davantage de la mort d’Huldbrand que la malheureuse Ondine qui la lui a donnée.

Le moine ordonna les funérailles du chevalier selon les rites habituels. Huldbrand devait être enterré dans un cimetière où se trouvaient les tombes de ses aïeux. Comme il était le dernier de sa race, ses armes étaient posées sur le cercueil pour être descendues dans le sépulcre.

Le cortège se mit en marche sous un ciel pur, au bruit du triste chant des morts. Le Père Heilmann marchait en tête, Bertalda, défaillante, suivait, soutenue par son père. Au milieu des pleureuses vêtues de noir, une forme blanche s’était glissée ; elle levait les bras au ciel, en poussant de sourds gémissements, au grand effroi des assistants qui s’écartaient d’elle, causant du désordre dans le cortège. Les écuyers lui adressèrent la parole, cherchèrent à l’éloigner, mais elle glissait entre leurs mains et se retrouvait toujours à la même place. La forme voilée avançait lentement et finit par se trouver immédiatement derrière Bertalda qui ne s’était point encore aperçue de sa présence.

On arriva ainsi au cimetière où le cortège se rangea en cercle autour de la tombe. Alors seulement, la jeune veuve vit l’étrangère. Effrayée, elle ordonna que l’on fît partir cette femme qui n’avait point été conviée aux funérailles, mais la blanche apparition secoua doucement la taille en tendant la main d’un geste humble qui rappela soudain