Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/42

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chaumière connut encore les frais éclats de rire et les jeux innocents.

« Cependant, nous ne savions de quel nom appeler notre nouvelle enfant. Je proposais bien Dorothée, qui signifie « Don de Dieu », et qui, par cela, me semblait tout indiqué ; mais la petite ne voulait pas entendre parler de Dorothée : elle disait que ses parents l’avait nommée Ondine, qu’Ondine elle s’appelait, qu’Ondine elle voulait être et demeurer. Ondine ? Était-ce là un nom de chrétien ? Je consultai le calendrier : point d’Ondine. J’allai prendre le conseil d’un vieux prêtre, à la ville : Ondine, d’après lui, devait être un nom de païen. Que faire ? L’enfant avait-elle été baptisée, seulement ? Le vieux prêtre fut d’avis que, dans le doute où nous étions, il valait mieux risquer de la baptiser une seconde fois. On décida d’un jour pour célébrer ce grand acte. Le saint homme vint à notre chaumière, un beau matin : la petite, toute gracieuse dans une ravissante robe blanche, supplia avec tant d’insistance pour qu’on lui laissât son nom d’Ondine, que le prêtre crut pouvoir sans péché la baptiser sous ce nom étrange : l’enfant se conduisit d’ailleurs, pendant toute la cérémonie, comme une vraie petite sainte, et il est bien certain qu’aucune chrétienne du bon Dieu, portant tous les noms du calendrier, ne se fût montrée en cette circonstance plus chrétienne que notre Ondine.

« Je dois à la vérité d’ajouter que, par la suite, ce beau zèle tomba un peu, et que bien des polissonneries… »