Page:La Motte de La Guyomarais - Souvenirs de 93, écrits en 1821.djvu/12

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J’ai dit, non pour M. La Chauvinais, mais Monsieur, je ne puis m’empêcher de vous dire aussi à vous, que si on faisait boire Perrin, j’aurais peur qu’il ne dit tout ce qu’il sait.

En entendant toutes les questions faites par Cheftel à Saint-Pierre, M. de La Guyomarais n’en eut pas plus de défiance que M. Désilles qui les entendait adresser au domestique. Cheftel, cet infâme traître, ayant eu l’espoir de livrer à la Convention le Marquis vivant, voyant son projet échouer, en fut désolé : cet air triste et malheureux trompa M. Désilles et Saint-Pierre.

Ces renseignements obtenus, Cheftel s’empressa de les faire connaître à la Convention, qui montra que, vivant ou mort, elle tenait à découvrir le Marquis.

Le 25 février 1793, les commissaires de la Convention, Lalligant-Morillon, Barthe, son collègue, accompagnés du Juge de paix de Plédéliac, du district et des gendarmes de Lamballe, de volontaires et patriotes de cette ville et du maire de Saint-Denoual, arrivèrent à la Guyomarais au petit jour. Mr, Mme de La Guyomarais, leur jeune fille Agathe, leurs deux fils Amaury et Casimir, M. Thébaut La Chauvinais, précepteur de Casimir, sont arrêtés. Julien David, cocher, François Perrin, jardinier, le sont aussi. Maîtres et domestiques sont interrogés, pressés de questions, menacés, tous refusent d’avouer avoir vu le Marquis de la Royrie à la Guyomarais et qu’il y soit mort.

Le 26, voyant que l’on n’obtenait rien, le commissaire Barthe demande du vin et de l’eau-de-vie, il fait boire Perrin et lui montre une bourse remplie d’or. Il lui promet en plus cent louis, s’il veut les conduire sur la tombe de M. de la Royrie, et, nouveau Judas, Perrin vend pour de l’or le secret de son maître et le livre à l’échafaud !

Après avoir enivré Perrin et fait briller de l’or à ses yeux, celui-ci conduisit les commissaires avec une partie de leur escorte sur la tombe du Marquis de la Royrie, elle fut ouverte ! La chaux, dont le corps avait été couvert, n’avait fait aucun effet ; la figure du Marquis était parfaitement reconnaissable, sa barbe et ses cheveux n’avaient pas changé. Le commissaire Lalligant-