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Le major Chafner dit alors qu’il revenait d’Angleterre, pour apprendre au Marquis que l’on savait à Londres qu’il se réfugiait souvent dans une maison, près d’une forêt, non loin de Lamballe, et qu’il paraissait qu’il y avait parmi les Conjurés un traître. Ces Messieurs convinrent qu’il fallait attendre la guérison du Marquis, pour lui faire part de ces derniers faits.

La mort du roi était connue depuis deux ou trois jours de M. de La Guyomarais. Redoutant pour le Marquis l’impression qu’il en éprouverait, surtout dans l’état où il était, sous prétexte que, de lire ou entendre lire, fatiguerait le malade, M. de La Guyomarais s’était chargé, chaque fois que la Gazette arriverait, de lui rendre compte des faits politiques. Le 27 janvier, dans l’après-midi, le journal fut, comme d’habitude, porté dans la chambre du Marquis.

MM. de La Guyomarais, de Fontevieux et le major Chafner, ne s’y trouvaient pas pour le moment. Le Marquis étant toujours occupé du roi et des moyens de le délivrer, dit à son domestique de lui lire le journal. Vit-il une impression sur le visage de cet homme, on ne l’a jamais su. Va me chercher à boire, lui dit-il, à ton retour tu liras.

Saint-Pierre oublie que M. de La Guyomarais lui a recommandé, qu’en son absence, il ne doit jamais laisser la Gazette à la portée de son maître ; il pose le journal sur la table de nuit et descend.

Le Marquis prend la Gazette, il y voit des détails sur la mort du roi ; une fièvre cérébrale, un délire effrayant se déclarent à l’instant. Il demandait son cheval, ses armes, disant que le roi l’appelait à son secours ; il poussait des cris de rage et de douleur ; il fallait le maintenir de force dans son lit. Tous les remèdes furent employés, rien ne parvint à arrêter les progrès de la maladie.

Le Marquis de la Royrie mourut dans la nuit du 29 au 30 janvier 1793, à 4 heures du matin, âgé de 42 ans, après onze jours de maladie. Le procès-verbal de sa mort fut signé par MM. de La Guyomarais, le major Chafner, de Fontevieux, qui avaient tenu à assister aux derniers moments de leur général,