Page:La Muse française (éd. Garnier), année 7, numéro 7, 1928.djvu/70

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 Et je sens que ma destinée
Enfin s’épanouit aux charmes paysans.

 Qu’ai-je à faire de votre Ville
 Et de la Seine aux quais fameux ?
Dans ce calme, les gens ont l’âme plus tranquille ;
 Ils sourient et je fais comme eux.

 Ils n’ont souci de nos histoires,
 Ni des vers que nous publions.
 Ils ont du pain dans leurs armoires
 Et des près emplis de grillons.
 On n’en voit aucun qui s’enivre
 À tourner les pages d’un livre ;
 Mais ils décrochent un jambon ;
 Le gros pain jaillit de sa toile ;
Tomates et piments fredonnent dans la poêle ;
 Vous jugeriez que c’est fort bon.

 C’est d’une mâle gourmandise ;
 Et je n’attends pas qu’on me dise
Que pour nous dont le sort se lie à l’encrier,
 Cela n’est point toute la vie !
Je ne méprise pas le songe du laurier,
 Mais ces gens-là, je les envie.

Qui ne satisferait son rêve et sa raison
À vivre son destin dans la même maison,
À revoir tous les ans fleurir les mêmes roses,
À voir verdir les blés et les grappes jaunir,
Et le cœur appuyé sur la bonté des choses,
À glisser sans douleur vers un même avenir ?