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LA NATURE.

Voici comment on procède : on laisse en place, sans y toucher, les andains, pendant un ou deux jours, puis on forme des petits tas de cinq à six décimètres de diamètre sur autant d’élévation. On les confectionne avec la précaution de ne pas les serrer. Lorsque le temps est beau, en deux ou trois jours on obtient une demi-dessiccation qui permet de former d’autres tas, auxquels on donne la forme conique et une hauteur de 2 mètres environ. Il faut avoir soin que ces petits meulons aient une forme régulière et pointue, afin que les fortes averses ne les endommagent pas.

La fermentation se développe et la dessiccation s’opère sans autre manipulation ; les choses restent en cet état jusqu’à l’enlèvement du champ, si la première opération a été suivie de pluie.

On se borne à retourner les petits tas et à les desserrer, afin que l’air puisse les pénétrer et les faire parvenir à la demi-dessiccation, jugée nécessaire, avant d’en venir à faire les petits meulons coniques.

On ne charge la voiture, pour la rentrée de ces fourrages, que le soir et le matin ; on évite ainsi les heures d’ardeur du soleil et de grande sécheresse de l’air, durant lesquelles les feuilles et les fleurs se brisent si facilement.

M. Heuzé, de retour de l’Exposition de Vienne, a exposé à la Société centrale d’agriculture le résultat de ses observations agricoles dans les provinces d’Autriche ; il a cité les procédés de fanage usités dans le Tyrol et la Carinthie, et qui se distinguent par l’emploi de cavaliers en bois pour former des séchoirs.

Pour notre pays, ce mode ne peut constituer qu’un expédient, qu’un accident ; rien n’y est préparé pour l’employer à point nommé, et la récolte serait probablement fort compromise, avant qu’on fût en mesure de la sauver par ce procédé.

La moisson ne va pas tarder à commencer. On fauche déjà les escourgeons, et le ministre de la guerre vient d’adresser aux préfets des instructions au sujet du concours prêté par les soldats aux cultivateurs.

Il résulte de ces instructions que pour rendre plus facile et en même temps plus prompte la transmission de demandes des cultivateurs, ces demandes seront approuvées et adressées aux autorités militaires, non par les préfets mais par les sous-préfets, qui ne devront, bien entendu, les appuyer qu’après s’être assurés qu’il y a réellement insuffisance d’ouvriers civils dans les localités.

De plus, l’indemnité à payer par les cultivateurs aux militaires mis à leur disposition, sera désormais fixée d’une manière uniforme pour chacune des dix régions géographiques, entre lesquelles se répartissent, au point de vue agricole, les départements de la France.

Chacun de ces militaires recevra une somme de 1 fr. 25 c. par jour, outre la nourriture telle qu’elle est donnée aux ouvriers civils, travaillant dans les mêmes conditions. Enfin, pour assurer, autant que possible, le bon ordre et la discipline parmi les soldats qui seront employés chez les cultivateurs, l’autorité militaire les fera surveiller, d’une manière spéciale, par la brigade de gendarmerie du canton où ils séjourneront momentanément. Ils seront, à la moindre plainte, renvoyés au corps et y subiront, s’il y a lieu, des punitions proportionnées à la gravité des faits qui leur seront imputés.

Ernest Menault.

LES PLONGEONS

La tardive apparition des chaleurs a permis à diverses espèces d’oiseaux migrateurs, propres aux régions arctiques, de prolonger, cette année, leur séjour sous nos latitudes. Parmi ces espèces voyageuses se font surtout remarquer les Plongeons, dont nous donnons ici un dessin.

Ces curieux Palmipèdes font partie du sous-ordre des Brévipennes, ou nageurs à ailes courtes ; ils se placent, par suite, à côté des genres européens connus sous les noms de Grèbes, de Guillemots, de Mergules, de Macareux et de Pingouins. Le groupe des Brévipennes constitue une sorte de passage entre les Palmipèdes ordinaires et les singuliers Manchots des côtes antarctiques, dont les ailes tout à fait impropres au vol et n’ayant plus que des vestiges de plumes d’apparence squameuse, sont transformées en véritables palettes natatoires : ces sortes d’oiseaux-poissons, ainsi qu’on les appelle avec raison au point de vue morphologique, représentent le plus haut degré d’adaptation du type Oiseau à la vie aquatique et occupent en réalité, dans la deuxième classe des Vertébrés, une place analogue à celle des Cétacés dans la classe des Mammifères.

Les Plongeons se distinguent des autres Brévipennes par des caractères extérieurs très-nets. La palmature, remarquable par son grand développement, est pleine et entière, au lieu d’être festonnée comme chez les Grèbes ; elle est soutenue par trois doigts robustes dont l’externe est le plus long. Le pouce, ou doigt postérieur, est petit et porte à terre par le bout. Les tarses sont courts, reculés sous l’extrémité de l’abdomen et déjetés sur les côtés ; leur solidité est en rapport avec l’énergie de la locomotion ; ils sont très-comprimés latéralement et presque tranchants en avant, afin d’éprouver moins de résistance de la part de l’eau, dans leur mouvement de projection. Le bec, au moins aussi long que le reste de la tête, est droit, fort, haut à la base, presque cylindrique, et terminé en pointe conique ; ses bords sont rentrants et finement dentelés ; les narines, oblongues, assez larges, sont situées à sa base. L’iris est d’un rouge vif. Les ailes sont de faible longueur, pointues et étroites, avec la deuxième et troisième rémiges plus longues. La queue est très courte, arrondie et composée de vingt pennes roides ; elle sert souvent d’appui à l’animal lorsqu’il est à