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LA NATURE.

lon Othon Fabricius, auteur de la Fauna groenlandica, les naturels de la baie d’Hudson se couronnent de plumes de divers Plongeons et mettent à profit leur peau pour en faire, comme les Samoyèdes, des vêtements d’hiver.

E. Vignes.

PHÉNOMÈNE ACOUSTIQUE
DE GEBEL-NAGUS.

Le Gebel-Nagus est une colline sablonneuse qui fait partie des contre-forts occidentaux du massif de Sinaï, et qui est à environ huit ou dix kilomètres du petit port de Tor. D’après les nouvelles observations du capitaine H.-S. Palmer, le sable de cette colline aurait l’étonnante propriété de rendre des sons musicaux, quand il est agité par des causes naturelles ou accidentelles. La légende indigène rapporte qu’autrefois il existait un monastère, plus tard enseveli dans les sables, dont les moines faisaient entendre le nagus ou trompette de bois, de là le nom géographique.

L’étendue de la pente sablonneuse s’élève jusqu’à 60 mètres de haut. Le sable paraît différer peu de celui du désert environnant ; ses grains, assez forts, sont des débris de quartz. Ils sont de même nature que les rochers des environs, friables, ayant la cassure jaunâtre ; ils sont brûlés du soleil. Ce sable est si homogène et propre qu’il suffit du passage d’un homme, d’une bête de somme ou du vent pour provoquer sur cette pente inclinée environ à 29° le départ d’une traînée. Quelquefois aussi l’excès de chaleur combiné avec la pluie déterminent une séparation de la croûte superficielle avec les particules sablonneuses. Quand le mouvement du sable acquiert une certaine importance, il se forme de petites ondulations de sept ou huit centimètres de hauteur, que l’on pourrait comparer avec quelque exactitude à de l’huile ou un liquide épais qui coulerait sur une glace, avec des courbes et des festons variés. On entend alors un bruit singulier ; léger au début, il augmente avec la rapidité de progression du sable, jusqu’à ce qu’atteignant son maximum d’intensité, il soit perceptible à distance. Il dure pendant tout le temps que le sable glisse sur la pente.

Ce son est difficile à décrire ; il n’est ni métallique, ni vibratoire ; il ressemblerait plutôt aux notes les plus aiguës d’une harpe éolienne, ou bien encore au grincement produit par un bouchon que l’on promène durement sur un verre mouillé. On pourrait aussi le comparer au bruit de l’air chassé rapidement d’un flacon vide ; tantôt il produit à l’oreille du voyageur l’effet du tonnerre éloigné, tantôt celui des sons graves du violoncelle.

Le capitaine H.-S. Palmer aurait observé que les couches superficielles étaient plus propres à la sonorité que les couches sous-jacentes. Le sable à la température d’environ 40° centigrades est d’autant plus mobile que la sécheresse détermine le glissement ; seul le mouvement du sable se produit quand il y a un peu d’humidité à sa surface, le bruit est insensible.

On a tenté de faire des fouilles pour connaître l’épaisseur de la couche de sable et la nature du sol sous-jacent, mais le glissement des sables supérieurs remplissant toujours les tranchées a été un obstacle insurmontable. Dans certains endroits, on n’a pas rencontré autre chose que du sable ; dans d’autres on a mis à nu un roc dur et compact.

Pendant les jours d’été, sous le soleil brûlant, quand souffle le vent du nord-ouest, le phénomène acquiert toute son intensité. Le capitaine Palmer l’a remarqué sur plusieurs pentes de la même colline, sans trouver d’autres différences dans la production des sons que des rapports plus ou moins accentués avec la direction du vent. Cette particularité sur le compte de laquelle on n’est pas encore bien définitivement fixé semble due au choc répété des grains de sable les uns contre les autres.

On connaît plusieurs phénomènes semblables dans d’autres endroits et notamment à Reg-Ravan, à 50 kilomètres de Caboul, et dans les plaines sablonneuses d’Arequipa, au Pérou. Dans le Sahara, les vents légers qui frôlent les collines de sable produisent également une vibration particulière de même nature.

J. Girard.

MACHINE SCHEMIOTH

L’agriculture a depuis longtemps cherché à s’approprier la vapeur pour remplacer le bras de l’homme ; mais diverses circonstances, inhérentes à la pratique même des moteurs à vapeur, en ont dans ce cas restreint l’application d’une façon désastreuse pour les intérêts privés. L’une des premières causes, sinon la principale de celles qui nuisent à l’emploi général des machines locomobiles, consiste dans la difficulté de se procurer, à des conditions d’économie pratique, le combustible (houille ou coke) nécessaire à l’alimentation des foyers. Il est aisé de comprendre les embarras que présente, dans une grande exploitation agricole, le transport d’une masse considérable de charbon sur les divers points, souvent très-disséminés, où doit fonctionner un moteur à vapeur.

C’est en vue de surmonter ces obstacles qu’un ingénieur russe, M. Schemioth, a eu l’idée de modifier le foyer des machines locomobiles de manière à pouvoir y utiliser toute espèce de combustible. Dans ce but, M. Schemioth a entrepris, avec l’aide de MM. Ransomes et Head, constructeurs à Ipswich (comté de Suffolk), une série d’expériences et de recherches fort longues, ayant pour objet d’appliquer les débris végétaux, et la paille en particulier, au chauffage des générateurs de vapeur.