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LA NATURE.

mène. Sa hauteur et sa forme, son intensité, l’inclinaison de son axe sont autant de point qui méritent d’être soigneusement constatés.

Revenons maintenant à l’astronomie planétaire. Septembre sera, cette année, un mois très-peu favorable aux observations des grandes planètes ou des planètes moyennes. Le 24, a lieu la conjonction supérieure de Mercure, qui se lève les jours précédents d’autant plus avant le soleil que la date est plus rapproché du 1er du mois, et les jours suivants se lève un peu après : dans tous les cas, observation difficile. Vénus parcourt son arc diurne en partie la nuit, en partie le jour. L’heure de son lever varie de 1 h. 40 minutes à 2 h. 24 minutes du matin : pendant trois ou quatre heures, elle est donc visible ; mais sa plus grande élongation occidentale ayant eu lieu le 14 juillet, elle se rapproche angulairement du soleil en s’éloignant de la terre. Mars aussi s’éloigne rapidement et d’ailleurs il se couche de bonne heure (de 9 h. 24 du soir à 8 h. 48) ; c’est à peine si on peut le voir quelques temps, un peu au-dessus de l’horizon quand les dernières lueurs du crépuscule sont éteintes. Jupiter se lève le matin, de 5 h. 28 m. à 4 h. 34 m. Dans les premiers jours du mois, il n’apparaît donc sur l’horizon que quelques minutes après le lever du soleil ; vers la fin de septembre, il précède l’astre radieux de 1 h. 25 minutes à la latitude de Paris ; il ne sera donc observable que dans les derniers jours.

De toutes les planètes principales, c’est donc Saturne qui continuera, malgré sa faible altitude, à se trouver dans les circonstances les plus favorables à l’observation. Il se lève à la vérité de bonne heure (entre 4 h. 52 et 3 h. 32 du soir), mais il passe au méridien de 9 h. 11 à 7 h. 50 et, jusqu’à son coucher, qui a lieu peu après minuit, il reste visible. Nous nous bornerons ce mois-ci à ces indications sommaires, en renvoyant le lecteur aux bulletins astronomiques des mois précédents pour trouver la situation respective de chaque planète dans les constellations. Nous les retrouverons un peu plus tard quand ces positions seront assez notablement changées pour nécessiter des indications nouvelles.

En septembre, trois occultations par le disque de la lune d’étoiles visibles à l’œil nu auront lieu aux dates suivantes. L’étoile de 5me ou 4me grandeur τ du Sagittaire sera occultée le 2 septembre et la durée du phénomène sera, pour Paris, de 1 h. 13 minutes. Le 28, une étoile de 5e grandeur de la même constellation sera occultée pendant 54 minutes. Enfin ω de la même constellation, aussi de 5e grandeur, le sera pendant 1 h. 04 minutes, le 30 septembre. Si, au lieu de se borner à Paris, on considérait les divers lieux de la terre, on trouverait 21 occultations et notamment celle de la planète Mars le 27 septembre. On sait de quel intérêt sont ces phénomènes pour les marins, qui peuvent déduire de ces observations la longitude du lieu où se trouvent leurs navires.

En résumé, en dehors des observations régulières des grands observatoires, il y aura peu à glaner, ce mois de septembre, pour les amateurs astronomes, du moins pendant la nuit, à moins qu’ils ne se livrent à des études d’astronomie sidérale sur les étoiles et les nébuleuses. C’est malheureusement, en France, un domaine peu cultivé. Il serait temps de prendre pour exemple, sous ce rapport, nos voisins d’outre-Manche, qui, dans de nombreux observatoires privés, parfaitement installés, étudient sans relâche ces objets si intéressants. En attendant, il y a le soleil, ses taches, ses facules, ses protubérances, qui, grâce aux méthodes nouvelles d’observation, enrichissent chaque jour de faits nouveaux les données qui serviront de base à l’élaboration d’une théorie vraie de sa constitution physique. La moisson a été si riche depuis quelques années qu’elle a fait éclore maintes hypothèses, un peu hâtives à notre sens, mais dont les auteurs en se combattant et en se réfutant réciproquement, font un travail de déblayement nécessaire. Nous engageons les astronomes à se livrer de préférence aux observations.

Amédée Guillemin.

NOUVEAU
VOYAGE DANS LA CHINE CENTRALE

Le savant explorateur français, l’abbé Armand David, qui depuis douze ans n’a pas cessé de parcourir la Chine, en marquant chacune de ses étapes par de nouvelles conquêtes scientifiques, a récemment adressé une lettre fort intéressante à M. Daubrée, vice-président de la Société de géographie. C’est au prix des plus grandes fatigues que la récente exploration du vaillant voyageur s’est accomplie ; car l’abbé David a l’habitude de traverser presque toujours à pied les pays qu’il étudie, et il ne manque pas de pousser des pointes en dehors de sa route, pour peu qu’il y ait à côté de son chemin quelque moisson à recueillir au nom de la géographie ou des sciences naturelles. Au mois de mars de cette année, notre compatriote a éprouvé de sérieuses difficultés au sud-est de Chen-Si, près de la ville de Hang-Tchong-Fou, sur les frontières de Tse-Tchuen et du Kan-Sou. C’est en vain qu’il a tenté de pénétrer dans cette dernière province, où une violente rébellion des musulmans vient d’éclater ; il fut obligé de rétrograder faute de guides et de porteurs. L’abbé David, pour arriver jusque-là, a traversé les monts Tsin-Lin, où il lui a été possible de recueillir de véritables richesses géologiques et minéralogiques.

Les détails que donne l’explorateur sur la province Cheu-Si sont du plus triste intérêt. La ville la plus importante de ce district, Han-Tchong-Fou, vient d’être presque entièrement détruite par les rebelles Tchang-Mao. Ces rebelles, que les Chinois appellent Tseï (voleurs), réunis en nombre incalculable, ont pu exercer impunément des dévastations et des ravages épouvantables. Triste spectacle que celui de ces dissensions, de ces querelles, de ces