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N° 19. — 11 OCTOBRE 1873.
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LA NATURE.

NÉLATON

Lorsque Dupuytren mourut, un des membres de l’Académie de médecine, résumant la vie et les travaux de ce grand homme, s’écria : « Ainsi a vécu celui qui porta pendant plus de vingt ans, d’une main si ferme, le sceptre de la chirurgie française. »

Nélaton a ramassé ce sceptre, que la mort avait fait tomber des mains de Dupuytren. Pendant sa longue et belle carrière, il a su lui aussi, le tenir haut, grâce au merveilleux ensemble de facultés dont la nature l’avait doué.

Nélaton.

Le chirurgien, pour s’élever au rang des grands maîtres, doit posséder des qualités multiples que l’on rencontre bien rarement dans le même cerveau ; il est indispensable que l’anatomie et la physiologie lui soient familières, mais il ne lui suffit pas d’être savant, il faut qu’il y ait en lui l’étoffe d’un artiste, afin qu’il sache bien saisir le sens de la forme, comme le sentiment du beau. N’est-il pas appelé à entraver ou à respecter le travail de la nature, que « tantôt il combat, suivant l’expression d’un praticien habile, et tantôt il appelle à son aide, lorsqu’il lui faut conti-