Page:La Nature, 1873.djvu/341

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
333
LA NATURE.

tubulure, pour pénétrer dans le caléfacteur en N ; parcourt les 40 tubes ss du caléfacteur, sort en K, rentre par le tube t dans le réfrigérant, parcourt les 40 petits tubes s’s’ du réfrigérant, pour quitter l’appareil par le tube e.

Posé sur une brouette, il peut être déplacé par un seul homme (fig. 2) ; une pompe à air A, également portée sur une brouette, comprime de l’air à la partie supérieure du tonneau T dont on veut chauffer le vin ; un tube adapté à la partie inférieure de ce tonneau envoie le vin en e dans l’appareil à chauffage B ; un autre tube S dirige le vin chauffé de l’appareil dans un tonneau vide T’.

Résultats économiques de cet appareil (grand modèle) :

Prix, avec tous les accessoires : 1 200 fr. ; nombre d’hectolitres chauffés à l’heure à 60° : 10. Prenant le vin vers 15° et le portant à 60°, il le refroidit vers 32°. Il dépense 5 kilog. de charbon par heure, soit 1 centime 1/2 par hectolitre ; diamètre à la base. : 0m50 ; hauteur totale, 2m ; poids total avec la pompe et accessoires, 230 kilog.

Voici la description qu’il nous reste à donner de l’appareil de MM. Giret et Vinas.

1o Caléfacteur (fig. 3) : P boîte à feu avec tubes FF ; C bain-marie, dont le cylindre est fixé sur le foyer à l’aide de deux rebords entre lesquels est une bande de toile trempée dans de la colle de farine ; ces deux rebords sont pressés par des pinces en fer g ; MM caisse circule le vin, formée de deux cylindres concentriques reliés en haut et en bas par deux rondelles annulaires.

2o Réfrigérant : RR cylindre avec caisse intérieure NN ; le couvercle du cylindre extérieur est mobile, fixé au cylindre par une disposition g’ comme en g ; les surfaces en contact avec le vin sont étamées.

Le vin sort de T par le tube A, passe en NN, qu’il parcourt de bas en haut ; par le tube B, il va en MM, sort en B’ après avoir été chauffé, rencontre le thermomètre t qui en indique la température maxima, repasse en D, où il se refroidit en parcourant de haut en bas la boîte extérieure, et sort en r1 pour se rendre au tonneau. r, r’, r2 servent à vider l’appareil après l’opération. Les tubes terminés par un entonnoir, prenant naissance en B et en D, servent au dégagement de l’air et des gaz.

Comme prix, rendement, dépenses en combustible, cet appareil se rapproche beaucoup du précédent.

Bien que ces deux appareils semblent encore susceptibles de recevoir quelques améliorations, même assez importantes, il ne faudra certainement pas chercher à s’écarter beaucoup de leur disposition pour les perfectionnements qu’on tentera de réaliser. Tels qu’ils sont, ils ont déjà rendu des services immenses, et l’industrie vinicole ne tardera pas à jouir sans réserve d’un des plus précieux bienfaits dont elle soit redevable à la science française.

Charles Letort.

LES ŒUFS DE POULPE

La récente incubation des œufs de l’Octopus, que possède l’aquarium de Brighton et dont nous avons précédemment parlé (p. 95), est actuellement surveillée avec avidité par plusieurs naturalistes. M. Lee a publié dans Land and Water de curieux détails sur la maternité de cet être bizarre connu vulgairement sous le nom de pieuvre.

L’Octopus balance doucement sa grappe d’œufs, comme en un berceau, dans la membrane en forme de bateau ou d’auge, d’un de ses bras. Il leur prodigue les plus grands soins, les quittant rarement même pour un instant, si ce n’est pour prendre la nourriture qui serait hors de sa portée s’il n’abandonnait pas sa position. L’antique naturaliste de Stagyre n’avait donc pas de notions exactes, lorsqu’il affirme que la femelle ne prend aucune nourriture pendant l’incubation, et qu’elle s’affaiblit, s’épuise, maigrit. Dans le bassin où se trouve l’Octopus que nous étudions, il s’en trouve sept autres de la même espèce ; on leur jette chaque jour pour leur nourriture environ 25 crabes vivants (carcinus menas). Bien que la femelle quitte rarement son nid, elle en obtient cependant généralement sa part, et je l’ai vue saisir avec trois de ses bras, et attirer vers elle trois crabes à la fois. Leur test est bientôt écrasé et broyé par son bec puissant ; et, lorsqu’elle a dévoré le contenu, les débris du test sont rejetés hors de son antre.

Si Aristote s’est trompé en supposant que l’Octopus femelle ne prend pas de nourriture pendant la période de développement de ses œufs, je pense qu’il a eu raison d’admettre que l’anxiété de la mère pour sa progéniture et ses soins incessants agissent défavorablement sur sa santé. Une poule qui couve maigrit, et je m’imagine quelquefois que notre poulpe donne des signes de dépérissement. Sa respiration semble parfois pénible. Lorsque l’eau est inhalée (j’emploie ce mot à dessein, car l’animal respire l’oxygène qui y est contenu) à la partie ouverte du manteau-sac, le tube-siphon, à son orifice, est souvent tiré puissamment au dedans, et lorsque la paire de soufflets du corps se ferme, la même ouverture du tube est distendue à l’extrême par la sortie de l’eau exhalée. L’Octopus femelle tourne souvent l’orifice de son tube, comme le pompier fait de la lance de son tuyau, de façon à diriger un jet de l’eau qui sort, sur ses œufs ; dans quel but, je suis incapable de le dire. Mon opinion est qu’une incubation réelle n’est pas nécessaire, et qu’elle n’a pas lieu. Je crois que la mère veille sur ses œufs pour les protéger et les empêcher d’être dévorés par les poissons ou par d’autres poulpes, peut-être même par leur propre père.

Jusqu’à ces derniers temps, aucun des naturalistes vivants ne connaissait les œufs de l’Octopus ni leur incubation ; mais, depuis bien des années, j’ai recueilli de temps en temps des œufs de Sepia et de