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LA NATURE.

faite par Reichenbach de la présence constante dans la terre végétale de substances telles que le nickel et le phosphore, qui sont les plus caractéristiques des météorites et qui doivent également être apportées à l’état de poudre impalpable. Il monta sur le Lahisberg, en Autriche, qui est une montagne conique haute de 300 à 400 mètres, couverte à son sommet d’un bois de hêtre. Il pénétra dans le taillis, y choisit un endroit que probablement le pied de l’homme n’avait jamais foulé, et ramassa quelques poignées de terre qu’il soumit à l’analyse. Il y trouva des traces de cobalt et de nickel. Des échantillons pris sur le Haindelberg, sur le Kallenberg et sur le Dreymarckstinberg, montagnes voisines de la première, conduisirent aux mêmes résultats, et l’analyse du sol de la plaine appelée le Marchfeld révéla également les traces du nickel. Ces faits sont d’autant plus significatifs que le massif de montagnes qui vient d’être cité est composé de grès et de calcaire où l’on n’a jamais trouvé le moindre filon métallique.

Asidère, ou météorite charbonneuse, tombée le 14 mai 1864 à Orgueil (Tarn-et-Garonne), et consistant en une matière de composition analogue à celle des substances ligniteuses et tourbeuses. (Demi-grandeur naturelle.)

Il résulte de ces intéressantes remarques que la matière météorique est appelée à entrer dans le cycle de la vie organique terrestre ; l’altération des matières métalliques fournit aux plantes une certaine quantité d’éléments assimilables qui parcourent dès lors la série si variée des transformations que l’on connaît. Ce que nous avons dit de l’origine des poussières fait comprendre qu’il peut aussi tomber des boues météoriques. À un certain degré d’humidité, la pierre d’Orgueil prend les caractères d’une pâte plastique et rappelle à tous égards les substances visqueuses dont la chute a été enregistrée à maintes reprises comme suivant l’explosion de certains bolides. Ces substances ont été quelquefois signalées comme répandant une odeur fétide, ce qui doit porter à les considérer comme étant de nature organique et comme se rapprochant par conséquent des météorites charbonneuses. C’est par une transition insensible que nous sommes amenés à nous demander s’il n’arrive pas quelquefois des liquides et des gaz météoriques. On peut croire que ce sont de pareilles matières qui entrent dans l’atmosphère sous la forme de ces bolides dont l’explosion ne paraît rien fournir. D’ailleurs on connaît des liquides et des gaz météoriques à l’état de gouttelettes emprisonnées dans les cristaux de certaines météorites pierreuses ; M. Sorby l’a démontré dans une foule de circonstances. De même les fers météoriques contiennent souvent des gaz retenus par occlusion et qui doivent éclairer sur les conditions dans lesquelles ces fers se sont produits, exactement comme les gaz de fer terrestre pourraient renseigner, s’il en était besoin, sur l’allure du fourneau qui les produit.

Stanislas Meunier.

La suite prochainement.


MACHINE MAGNÉTO-ÉLECTRIQUE DE GRAMME

Le problème que s’est proposé M. Gramme est celui de transformer la force mécanique en électricité, en se servant comme intermédiaire du magné-