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LA NATURE.

tours les plus fantaisistes ; on plane au-dessus de paysages sous-marins, dont les aspects variés se reflètent dans l’eau limpide comme du cristal. Au milieu de ces forêts submergées en miniature, nagent une foule de poissons inconnus dans les mers d’Europe qui tantôt par bandes nombreuses, tantôt solitaires, se faufilent dans tous les replis des coraux.

Fond d’un lagon dans la mer de corail

Le développement prodigieux des polypiers ne joue pas seulement un rôle important dans la modification du fond des mers tropicales ; il exerce aussi une influence de salubrité sur les climats. On a remarqué que dans les îles où les coraux sont vivants, telles que la Nouvelle-Calédonie, Tahiti, les Seychelles et la majeure partie de la Polynésie, les fièvres sont absentes ou ont un caractère bénin ; tandis que dans les parages entourés de coraux morts, tels que la Vera Cruz, les Antilles, les Nouvelles Hébrides, ces maladies présentent, au contraire, un caractère grave. N’y aurait-il pas lieu de supposer que leur élaboration détruit les miasmes pestilentiels ?

J. Girard.

CHRONIQUE

Académie des sciences naturelles à Philadelphie. — Cette académie possède maintenant plus de 6 000 minéraux ; 700 espèces de pierres ; 6 500 fossiles ; 70 000 espèces de plantes ; 1 000 espèces de zoophytes ; 2 000 espèces de crustacés ; 500 espèces de cocons et d’araignées ; 25 000 espèces d’insectes ; 20 000 espèces de coquillages ; 2 000 espèces de poissons ; 800 espèces de reptiles ; 21 000 oiseaux, dont 200 avec les nids et 1 500 avec leurs œufs ; 1 000 mammals et plus de 900 squelettes et pièces d’ostéologie. Plusieurs de ces espèces sont représentées par quatre ou cinq spécimens, de sorte que, y compris les cabinets d’archéologie et d’ethnologie, l’établissement nécessite l’espace requis pour la disposition de 400 000 objets, plus pour une bibliothèque de 22 500 volumes. On érige une nouvelle construction dont le coût sera d’un demi-million de dollars.

Les fourmis rouges. — Le R. P. Homer, missionnaire de la côte orientale d’Afrique, regarde les fourmis rouges et noires comme un des plus grands fléaux de ce pays. Ces insectes traversent les chemins, en bandes tellement serrées, que souvent les bêtes de sommes refusent de passer dessus. Si on ne les voit pas à temps pour les éviter, le linge et les vêtements en sont remplis. Il arrive aussi que grimpant sur les arbres, elles tombent sur le voyageur qui passe. Les indigènes les appellent madinodo, c’est-à-dire eau bouillante, désignation en rapport avec la sensation cuisante que produit leur piqûre. Ces fourmis sont énormes et s’enfoncent si profondément dans la chair, qu’on a de la peine à les en arracher. On dit que dans certaines forêts, elles sont assez grosses et assez puissantes par le nombre pour détruire les rats et les lézards.

La sparterie chez les Arabes d’Algérie. — La plupart des ustensiles de ménage dont l’Arabe se sert sous la tente sont tressés en alpha ou en diss. Tous ces objets doivent être portatifs et quand ils viennent à manquer, il faut pouvoir les remplacer à l’instant. L’alpha est coupé vert ; on l’expose à la chaleur et on l’ouvre en faisant courir une lame de couteau sur toute la longueur de la tige. La diss ou feuille de palmier est exposée au soleil, plongée dans l’eau et exposée de nouveau au soleil ; avant qu’elle soit sèche, on la roule entre les deux mains. Les objets de vannerie les plus communs sont : les tasses à traire les chèvres, les plats dans lesquels on met le couscoussou, les nattes pour se coucher, et les sindoukh, sorte d’amphore romaine. Les plus renommés viennent de Bou-Taleb, dans la province de Constantine.

Bateau de sauvetage en fer. — On a fait de récentes expériences à Garston, près Liverpool, sur la valeur comparative des life-boat en bois et en fer. Le bateau en fer, destiné aux navires qui transportent des passagers, avait 7 mètres de long sur 2m,30 de bau et 1m,15 de creux ; à l’avant et à l’arrière, il comporte des chambres à air, qui ont une capacité égale à la partie laissée libre pour la manœuvre. On a placé quarante-sept hommes à bord qui se sont portés tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, sans compromettre la stabilité, malgré l’eau qui embarquait. Le même bateau rempli d’eau a flotté sans aucun danger, avec vingt et un hommes à bord ; il y avait encore une hauteur de 40 centimètres au-dessus de la ligne de flottaison.

Un aéronaute français en Russie. — M. Bunelle, aéronaute du siège de Paris, a exécuté à Saint-Pétersbourg une très-belle ascension, le 15 mai dernier, avec le ballon le Jules Favre. Il est parti à 4 heures de l’École des Cadets, où Robertson avait fait sa grande ascension en 1802. Le vent qui était violent à terre l’a poussé sur le golfe de