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LA NATURE.

deux variations sont périodiques et leur période est également de 26 jours. D’où résulte l’idée hardie que les variations de la pression barométrique sont dues à des variations de l’action magnétique du soleil et indépendantes de la gravitation. Cette idée renverserait de fond en comble plusieurs théories admises par certains physiciens. Non-seulement les aurores seraient un signal que le temps a changé, mais on comprend qu’elles doivent être inséparables de ce changement de temps, puisqu’elles dérivent, elles aussi, de l’électricité du soleil.

M. Brown n’a point jeté en l’air cette conception à l’état brut, sans l’étayer de nombreuses observations et de sérieux corollaires. Pendant le cours de l’année 1869, il a établi dans les montagnes du sud de l’Inde neuf stations, pour déterminer la valeur de la variation barométrique, et il a étudié une période distincte de la précédente, dont l’existence est constatée pour toute la terre, et que l’on nomme diurne ou plutôt semi-diurne.

Le tableau de ces nombreuses observations prouve que l’amplitude varie proportionnellement à la valeur absolue de la pression, c’est-à-dire plus grande dans le voisinage des plaines que sur les sommets escarpés. D’où il n’est pas difficile de déduire qu’il faut que la pression même soit produite par une force extérieure, telle que le serait une action électrique émanée du soleil.

Aurore boréale observée à Brevillepont, 26 septembre 1731.
Aurore boréale observée dans l’Alaska, le 27 décembre 1863.

Chemin faisant, M. Brown attaque, dans ses Mémoires (voir les comptes rendus 1872-1873), des préjugés mis en avant par des météorologistes qui n’ont point observé la nature et que l’on trouve énoncés dans tous les traités de physique : 1o La vapeur à l’état vésiculaire est un mythe ; car M. Brown a longuement observé au télescope de la vapeur d’eau et s’est convaincu que le globule est plein. 2o Il a observé que le phénomène de l’évaporation, même dans les plaines les plus chaudes de l’Inde, ne produit aucun mouvement latéral, malgré l’énorme quantité d’eau qui se rend ainsi dans les nuages. Il en résulte, que tout le mécanisme de la circulation atmosphérique et océanique, dont on a fait tant de bruit, paraît loin d’avoir dans la nature la même importance que dans la science contemporaine. 3o Il a observé que la direction des nuages est tout à fait indépendante des variations de la pression barométrique. Ce fait saillant résulte de très-longues et très-nombreuses observations faites en Écosse, avec un grand soin et dans lesquelles on tenait compte de la direction relative de toutes les couches.

Suivant M. Brown le moteur de tous ces mouvements atmosphériques ne peut être que l’électricité solaire. Nous reviendrons avec plus de détails sur tous ces faits que nous ne pouvons qu’indiquer d’une façon sommaire. Mais n’est-ce point une coïncidence digne d’être signalée, que de voir le témoignage de Brown confirmé par Donati mourant, et Donati donner raison, par des voies nouvelles, à l’incomparable Hansteen, ce génie si peu compris et cependant qui rayonne de si vives lumières, qui ne l’a précédé que de quelques mois dans la tombe. Dans notre dernière revue de météorologie nous avons critiqué, avec quelque violence, des opinions du Père Denza, qui nous paraissaient erronées. Mais nous serions désespérés qu’on vit dans notre polémique une attaque contre le talent de cet observateur qui nous paraît digne de continuer la tâche de Donati, car il a déjà organisé, aux frais du gouvernement italien, les observations électriques dans sept observatoires météorolo-