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LA NATURE.

pensait, le Palæotherium magnum vient de se révéler comme un animal très-gracile, d’un port fort élégant, dont l’encolure est encore plus allongée que celle du cheval, et qui semble assez exactement modelé extérieurement sur le même type que le Lama.

Sans vouloir aborder l’étude détaillée de sa structure ostéologique, nous dirons seulement que le Palæothérium magnum avait la taille un peu moindre que celle d’un cheval moyen. On compte trois doigts à chaque pied ; la tête, à peu près conforme à celle du tapir, avait probablement aussi un rudiment de trompe ; le fémur porte un troisième trochanter ; le système dentaire est composé à chaque mâchoire de six incisives, quatre canines et quatorze molaires, ces dernières ayant de l’analogie avec les mêmes dents chez les rhinocéros.

Le Palæotherium magnum, comme tous ses congénères, dont on connaît aujourd’hui une dizaine d’espèces environ, était herbivore et vivait sans doute par grands troupeaux. Son existence remonte à cet âge de notre monde que l’on a appelé la période éocène, et c’est dans la partie moyenne de cette période, qui comprend les dépôts de gypse ou leurs équivalents géologiques, que l’on en découvre les restes, ainsi que ceux de toutes les autres espèces du même genre.

Cependant il avait fait son apparition même avant la formation gypseuse et l’on a observé sa présence jusque dans les lits du calcaire grossier qui sont inférieurs à cette même formation et par conséquent plus anciens qu’elle.

Ce sont les carrières à plâtre de Montmartre, Pantin, la Villette, près Paris, qui ont eu longtemps en premier lieu le privilège de fournir aux paléontologistes des débris nombreux de cette espèce fossile. Le Palæotherium, qui fait le sujet de cette notice, provient d’une platrière située à Vitry-sur-Seine. Il était encore il y a peu de jours, comme on le voit, aujourd’hui, à découvert d’un côté, et de l’autre incrusté dans sa sépulture de pierre, à environ quatre mètres de hauteur, au plafond d’une galerie souterraine. Quelques rares curieux avaient pu seuls le visiter, lorsque M. Fuchs, ingénieur civil, propriétaire de la carrière où se trouvait cette magnifique pièce, proposa de la donner au Muséum.

Le don, offert généreusement, fut immédiatement accepté, et M. le professeur Gervais, avec un zèle scientifique dont on doit lui être reconnaissant, s’occupa lui-même de diriger les travaux assez considérables et d’une grande difficulté qu’il a fallu exécuter pour l’amener intact à Paris.


L’ÉDREDON ARTIFICIEL
ET LE DRAP DE PLUME.

Nous souhaiterions que ce que nous allons écrire pût être reproduit, répandu, affiché, répété de toutes les manières possibles, afin, qu’arrivant aux oreilles de chaque femme de la campagne, cela pût la convaincre qu’une nouvelle industrie est créée qui peut, sinon l’enrichir, au moins augmenter son bien-être sans lui imposer aucune dépense, et en lui permettant d’utiliser une matière perdue et dédaignée dans toutes les cours de fermes. En portant ce qui va suivre à la connaissance des cultivateurs, grands et petits, nous leur rendons un immense service. Qu’ils ne le dédaignent pas !

Tous les oiseaux de basse-cour, soit par suite de la mue naturelle, soit par suite de batailles, d’accidents, perdent continuellement des plumes petites et grandes, blanches, noires, fauves, de toutes couleurs que le vent promène et balaye, inutiles et dédaignées, jusqu’à ce qu’il les accroche à quelque branche de fagot, à quelque paille des fumiers ;… même enfouies au milieu des détritus et des déjections qui emplissent la fosse, ces plumes, en raison de leur structure cornée, semblent presque indestructibles, tant elles résistent à la destruction spontanée. On les retrouve longtemps, longtemps, dans les champs souillées de boue…

Eh bien, ces plumes inutiles constituent une véritable richesse ! Il ne s’agit que de savoir les utiliser pour en vendre le produit à haut prix. Pour tout instrument de transformation, la fermière n’a besoin que d’une paire de ciseaux !

Or, ces plumes folles ne sont pas les seules dont, à la campagne, on ne connaisse pas la valeur. Il est depuis longtemps admis dans nos mœurs que le duvet de l’oie, celui même du canard, ainsi que leurs petites plumes servant à faire des oreillers et des lits, l’on sait dès lors le haut prix qu’atteignent ces matières. On fait encore, avec les petites plumes de la poule et des poulets, des lits moins bons et moins beaux que l’on utilise pour les couchers communs ; mais quelque volaille qu’on tue, on jette toujours un certain nombre de plumes que l’on regarde comme trop dures et trop longues pour servir ; à peine en serre-t-on les ailes pour en faire des plumeaux ou balais divers. Eh bien, toutes ces plumes, jusqu’à la dernière, grandes ou petites, les moins belles, toutes, toutes… ont une haute valeur ! Il faut bien se pénétrer de cette valeur, et agir en conséquence.

D’après une statistique fort judicieusement faite, nous jetons au vent, nous gaspillons ou nous laissons perdre, chaque année, pour autant valant de plumes que nous achetons de coton ! Un pareil chiffre est effrayant ; mais rien n’est saisissant comme la réalité.

Que faut-il donc faire ?

Rien de plus simple. Prendre toutes ces plumes ; avec des ciseaux, en couper les barbes des deux côtés tout le long de la côte du milieu, placer ces barbes coupées dans un sac de grosse toile, semblable aux sacs à argent, puis frotter à sec entre les mains, le sac et la plume dedans avec le même mouvement que les femmes emploient pour laver le linge. Au bout de cinq minutes les barbes sont désagrégées, feutrées et enchevêtrées, formant un duvet d’une très-