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des îles Britanniques, tandis que la seconde branche, plutôt occupée à suivre la marche des phénomènes par l’interprétation des observations simultanées, se rattache à la météorologie dynamique. Les sept observatoires sont établis à Kew, — Stonyhurst, — Falmouth, — Aberdeen, — Glasgow, — Armagh, — Valencia. Leurs documents graphiques sont reproduits sur des planches de cuivre à l’aide d’un instrument nommé pantographe, et imprimées dans la revue trimestrielle, où ils sont l’objet d’une discussion approfondie. Nous donnons (fig. I) comme exemple, les signes produits par les instruments à l’Observatoire de Valencia pendant une période de cinq jours du mois de septembre de l’année dernière. On y reconnaît aisément la courbe barométrique. À la même hauteur se trouvent la courbe du thermomètre à bulbe sèche (dry) et celle du thermomètre à bulbe humide (wet). Au-dessous, figure la courbe de la tension de la vapeur d’eau. La pluie (rain) est indiquée le long de la ligne droite, où ce mot est écrit par de petits traits obliques. Les hachures partant d’en haut représentent par leur longueur la vitesse (velocity) du vent, dont la direction se déduit facilement de la courbe qui traverse le compartiment inférieur, la ligne droite médiane correspondant au sud. Les hauteurs du baromètre sont données en pouces et dixièmes, l’échelle thermométrique est celle de Fahrenheit et l’échelle anémométrique a été marquée en milles de 0 à 100. Toutes les fois qu’une période présente un intérêt particulier, la carte synoptique correspondante est reproduite en marge des tableaux. Ainsi la fig. II donne la situation du 25 septembre à 8 heures du matin.

M. Robert Scott a exposé à plusieurs reprises, dans des conférences qui ont eu beaucoup de succès, les principaux résultats des recherches du Bureau météorologique. Il a été envoyé par le gouvernement au Congrès des météorologistes de Leipzig et de Vienne, dans lesquels son expérience et ses vues judicieuses auront certainement été très-appréciées.

Les fonds alloués au personnel et au matériel du Bureau s’élèvent à 250 000 francs, et il est probable qu’en vue de plusieurs développements projetés, ils seront prochainement augmentés. Le service météorologique, très-étendu aux États-Unis, y reçoit une subvention beaucoup plus considérable (1 200 000 fr). Nous sommes comparativement bien en retard aujourd’hui en France pour l’organisation de la météorologie pratique, qui a eu cependant un remarquable début, a enrichi la science de faits importants et d’observations nombreuses. De douloureux événements ont momentanément entravé ce progrès, qui sans doute reprendra bientôt son cours, par l’appui éclairé du gouvernement, et par le zèle des savants qui ont pris à cœur d’établir aussi dans notre pays une institution féconde pour l’avancement de la science et favorable au développement du bien-être commun.

F. Zurcher.

PROGRÈS DU PHYLLOXÉRA
DANS LES QUATRE DÉPARTEMENTS : DE LA DRÔME, DE VAUCLUSE, DU GARD ET DE L’HÉRAULT.

Dans une tournée que j’ai faite à la fin de novembre dans ces quatre départements, j’ai constaté les faits suivants à l’égard du Phylloxéra : les insecticides si nombreux et si divers qu’on a employés sur plusieurs points n’ont, nulle part, donné des résultats satisfaisants. — Des vignes attaquées, même depuis plusieurs années, par le Phylloxéra, peuvent être, sinon guéries, du moins protégées contre les progrès du fléau, à l’aide d’engrais énergiques. Lorsqu’une vigne, phylloxérée est grassement fumée on la voit, quelques mois plus tard, prendre de la force et, quoique malade, elle donne encore des produits. Nous croyons qu’avec des fumures souvent renouvelées, faites après la récolte, et avec une culture aussi améliorante que possible, on peut toujours, surtout dans les sols naturellement un peu fertiles, obtenir encore des produits rémunérateurs.

Nous avons observé partout, sans aucune exception, le fait suivant : les Phylloxéras sont toujours en raison directe de la sécheresse du sol, du défaut d’humidité. Souvent, au pied de coteaux dominés par des vignes profondément phylloxérées, on rencontre des vignobles en plaine, plantés dans un sol humide, qui sont complètement sains.

Pour tous ceux qui ont pu visiter les vignobles traités par la submersion d’automne ou d’hiver, il ne peut rester aucune espèce de doute sur l’efficacité de ce moyen essentiellement pratique et radical pour guérir les vignes phylloxérées. Il y a certainement lieu de s’étonner que la submersion ait, jusqu’ici, rencontré tant d’objections et tant d’hostilités, alors que le moyen est si simple et si pratique. Par l’utilisation intelligente des cours d’eau, par la création du canal d’irrigation du Rhône, le procédé de la submersion peut être étendu sur une surface très-considérable, qui s’étend à près de 100 000 hectares de vignes dans les quatre départements de la Drôme, de Vaucluse, du Gard et de l’Hérault. Si cette pratique de la submersion était adoptée, non-seulement elle aurait pour effet de guérir les vignes directement traitées, mais encore il en résulterait une modification dans le climat qui réagirait d’une manière très-heureuse sur les vignobles situés dans les endroits inaccessibles à la submersion.

En résumé, on perd un temps précieux à découvrir des insecticides qui seront toujours impuissant ; la destruction du Phylloxéra est moins un problème chimique qu’un problème mécanique. La submersion résout ce problème d’une manière complète pour près des 2/3 des vignes phylloxérées, et on ajourne son emploi sous le prétexte qu’elle ne peut s’appliquer partout. C’est ici le cas de répéter le proverbe que « souvent le mieux est l’ennemi du bien[1]. »

Aristide Dumont.
  1. Journal de l’agriculture.