Page:La Nature, 1874, S1.djvu/111

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d’abord les signaux à l’annonce des tempêtes complètement déclarées. Cette réforme a été appuyée sur les recherches de M. Buys-Ballot, directeur de l’Observatoire d’Utrecht et fondateur du système d’avertissement établi en Hollande, système dérivé du principe qui lie la direction et la force des vents aux différences barométriques des stations entre lesquelles ils soufflent. On a adopté la règle pratique, dite loi de Boys-Ballot, qui indique toujours l’existence du niveau barométrique le plus bas à main gauche, quand on tourne le dos au vent, règle reconnue comme très-utile. L’expérience a montré en outre qu’on peut être assuré qu’il n’y a pas danger de tempête tant que la pente (gradient), ou différence entre les hauteurs barométriques, n’excède pas pour une distance donnée 1mm par 50 milles. Toutefois la difficulté d’éliminer les conditions locales a empêché jusqu’ici d’établir des relations précises entre le vent et la hauteur du baromètre, et il n’a pas été possible de déterminer exactement le temps qui doit s’écouler entre la variation barométrique et la modification du vent.

M. Robert Scott poursuit depuis plusieurs années l’étude des mouvements et quelquefois des influences mutuelles des tourbillons que le courant équatorial amène sur les îles Britanniques, et il en a tiré des observations très-utiles pour les prévisions. Celles qui concernent les cyclones à dépressions centrales, et les anticyclones dans lesquels il y a une hausse du baromètre, par suite une sorte de culmination de l’air au centre, sont surtout intéressantes, comme nous l’avons fait voir dans l’article cité plus haut. Enfin une méthode féconde, fondée sur la similitude des conditions du temps, a été introduite. Elle rend déjà de remarquables services et en rendra davantage à mesure que la collection d’exemples des divers types du temps s’accroîtra.

Le perfectionnement successif du système des avertissements peut se mesurer par la proportion croissante de ceux qui ont réussi. Les comptes rendus annuels du comité constatent que le nombre des prévisions qui se sont vérifiées a été de 63,7 pour 100 en 1871 et de 80,5 pour 100 en 1872. Elles sont envoyées en Angleterre à 129 stations, généralement pourvues d’un mât de signaux où le cylindre et le cône, hissés pendant quarante-huit heures, éveillent l’attention des marins, et par leur position relative donnent l’indication probable du côté où la tempête menace. Ces avertissements sont aussi envoyés à la France, à la Hollande, aux pays Scandinaves et à l’Allemagne. En Angleterre, ils sont publiés par plusieurs journaux de Londres.

Les baromètres publics, dont l’observation est un élément si important pour la connaissance du temps, sont placés dans 120 ports ou villages de pêcheurs. Cinq cents exemplaires des cartes synoptiques journalières construites à l’aide des éléments fournis par les 47 stations météorologiques des îles Britanniques sont distribués soit à des abonnés, soit gratuitement. Les cartes synoptiques figurent sur chaque feuille au nombre de quatre donnant : 1o les courbes isobarométriques ; 2o les indications relatives aux vents et à l’état de la mer ; 4o les indications concernant les météores aqueux : nuages, pluies, brumes, etc. À ces cartes sont jointes des prévisions probables du lendemain pour les quatre districts du royaume : Nord de l’Angleterre jusqu’au comté du Northumberland, — Irlande, — côte Est de Northumberland jusqu’à la Tamise, — Sud de l’Angleterre, de la Tamise jusqu’au pays de Galles. Les observations des stations, auxquelles s’ajoutent celles des cartes journalières et des bulletins envoyés par les centres d’études météorologiques du continent, constituent les données qui servent à rédiger l’intéressante chronique générale du temps publiée par la revue trimestrielle.

Parmi les stations météorologiques de l’Angleterre, il faut en distinguer 40, qui ont des instruments ordinaires et sont desservies par des observateurs volontaires, et 7 observatoires, qui possèdent d’excellents instruments enregistreurs, ont des directeurs appointés pur le gouvernement, et relèvent spécialement de la troisième branche du Bureau, celle de la météorologie statique, c’est-à-dire de la climatologie