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LA NATURE.

gnifique… car elle venait du cœur, et de l’amour de la nature.

Nymphon abyssorum. Norman. (Un peu plus grand que nature.)

Ajoutons que l’étude de la faune sous-marine est une passion nationale dans les États Scandinaves, car c’est Sars, le sagace compatriote de Linnée, qui a inauguré ces recherches inépuisables. Les animaux étranges, découverts dans les eaux profondes des îles Lofoden, ont été un trait de lumière qui a été aperçu par tous les naturalistes du monde. Le nom du citoyen d’un petit pays qui a ouvert une si grande piste ne doit point périr.


LES ABEILLES A L’APPROCHE DE L’HIVER

Cette année, l’hiver sera dur, non pas seulement pour nous, mais aussi pour les abeilles. La trop grande humidité, au moment de la première floraison, puis la trop grande sécheresse, à l’époque des regains, ont empêché ces laborieuses ouvrières de faire, comme d’habitude, une abondante provision pour l’hiver. Les essaims se sont à peine entretenus, ils ont vécu au jour le jour et voici le froid qui se fait sentir dans la ruche. Les jeunes abeilles se pressent les unes contre les autres, pour développer un peu de chaleur ; elles sont toutes au sommet de leur demeure, rassemblées en une masse noire immobile, plongées déjà dans une sorte d’engourdissement qui ferait croire à la mort. Ces animaux, comme la plupart des insectes, mangent beaucoup moins en hiver, mais il leur faut une température assez élevée, sans quoi ils meurent. Ces petits êtres n’ont pas, comme les pachydermes, de peau épaisse pour les mettre à l’abri des rigueurs de la saison ; ils n’ont point les plumes de l’oiseau, la laine du mouton, le poil de la chèvre, ni la fourrure d’une foule d’autres animaux qui, vivant plus ou moins isolés, avaient plus besoin d’être garantis que ceux qui vivent en société.

Préoccupé, cette année, de savoir dans quel état étaient mes ruches, si leur population était assez nombreuse, leurs provisions assez abondantes pour passer l’hiver, je les soulevai, et à la main, je reconnus que presque tous mes essaims étaient d’un poids trop faible pour résister au froid et pour attendre la saison des fleurs.

Je voulus aussi me rendre compte de l’état dans lequel étaient ces pauvres petites bêtes, qui me semblaient devoir être plus mortes que vives. J’emportai une ruche dans mon cabinet, j’en pris quelques-unes sans en être piqué : ces malheureuses étaient comme engourdies, c’est à peine si elles pouvaient soulever leurs ailes. Quelques-unes cependant prirent leur vol, mais elles ne tardèrent pas à retomber sur le parquet ; d’autres allèrent se coller aux rideaux de ma fenêtre. Au bout de dix minutes, un quart d’heure au plus, quand la chaleur eut pénétré dans la ruche, j’entendis un bruissement, je voulus de nouveau examiner mes ouvrières, mais les cruelles n’étaient plus disposées à me donner accès chez elles, elles me laissèrent à la main plusieurs témoignages de leur vitalité; je dois toutefois reconnaître que leur piqûre fut moins cuisante qu’elle ne l’est, l’été par exemple, quand on leur enlève leur