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Page:La Nature, 1874, S1.djvu/190

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LA NATURE.

dans la bulle saison, ont vu à l’approche de l’automne des milliers d’agneaux tués par les grêles terribles de l’Australie, et les brebis, saisies parle froid sous des pluies de deux ou trois mois, mourir par centaines en quelques jours !

« Autant il faut avoir un corps de fer pour vivre exilé dans les prairies, toujours à cheval, sous les rayons brûlants du soleil, ou sous des pluies de deux. mois ; autant il faut, au « squatter » une âme forte, pour ne pas perdre courage devant d’affreux désastres. 11 y a sept ans, à’Ibule, Irois mille agneaux furent un jour tués par une trombe de grêle ; en 1861, quinze mille brebis périrent de soif ; en 1865, quatre mille cinq cents furent submergées par l’inondation. L’inconstance est la loi du temps en Australie. »

Malgré ces difficultés, malgréles obstacles que ces industriels rencontrent au inijieu des prairies brûlantes, ils n’en jettent pas moins sur les marchés européens d’innombrables balles de laines, qui, passant d’abord par les docks de Londres se répandent dans toutes les nations du monde civilisé ; ils contribuent en même temps à assurer à l’Australie sa prospérité dans le présent et sa prépondérance dans l’avenir. Tandis que notre colonie algérienne végète à nos portes, la grande colonie australienne prospère, quoiqu’elle soit située aux anlipodes de la Grande-Bretagne ! Gaston Tissasdieii.

LA FAUNE

DES COUCHES PliOFOKUES DU LAC MICIIIUAN.

Les Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres du Wisconsin, fondée en 1870, contiennent une notice intéressante du docteur Hoy, vice-président de cette académie, sur la faune des profondeurs du lac Michigan.

À la distance de 25 à 30 kilomètres de la ville de Racine, le lac Michigan est profond de 100 à 140 mètres. Le fond est l’orme d’une boue impalpable qui, dans les dépressions, est mêlée à des détritus de feuilles. C’est sur ces bas-fonds boueux que les pêcheurs prennent les plus beaux lavarets et les plus grosses truites.

Désireux de constater quelle était la nourriture du lavaret, M. Hoy se procura un grand nombre d’estomacs de poissons [iris à différentes profondeurs, et il on dilua le contenu avec soin. Il prit bientôt un grand intérêt à ces recherches, dans lesquelles il rencontra des formes nouvelles d’animaux qui ne visitent jamais les rivages, et ne vivent que dans les eaux profondes. Trois espèces de poissons, quatre de petits crustacés, une de mollusque, toutes nouvelles pour la science, furent le résultat de ses découvertes. Les poissons ont été envoyés à l’Institut Smithsonien, de Washington, et décrits par le professeur Gill ; les crustacés ont été nommés par le

docteur Stimpson, de l’Académie des sciences de Chicago.

Deux des poissons appartiennent au genre Argyrosomus, proposé par Agassiz pour la section des poissons blancs pourvus d’une mâchoire inférieure saillante.

L’Argyrosomus Boyi, Gill, est le plus petit des poissons blancs qu’on ait rencontrés jusqu’ici dans les grands lacs : il a environ 20 centimètres de long, il pèse un peu plus de 100 grammes. 11 ne se trouve qu’à la profondeur d’au moins 80 mètres. Les truites en dévorent une quantité considérable. C’est un excellent poisson à frire, et, n’était sa petite taille, il figurerait avantageusement sur les marchés.

]i’Argyrosomus nigripinnis, Gill, est un grand et beau poisson, ayant les nageoires noires. 11 n’a jamais été pris qu’à plus do 120 mètres ; et co n’est que vers 140 mètres qu’on le rencontre en abondance.

La troisième espèce de poisson a été retirée de l’estomac d’une truite, prise tout au fond du lac. Il appartient à la tribu des Cottus, et il est très-voisin du Triglopsis Thompsonii, Girard. Cette dernière espèce a été recueillie par le professeur l’aïrd, dans l’estomac d’une Lota mandosa prise dans le lac Ontario, en 1850 ; depuis lors, paraît-il, on n’en aurait pas trouvé un second spécimen, l’eut-être l’espèce que M. lloy vient de rencontrer dans l’estomac d’une truite est-elle « identique à celle du lac Ontario. Le professeur Gill, toutefois, pense que c’est seulement une espèce voisine, pour laquelle il propose le nom de Triglopsis Stimp&onii. Ce petit poisson doit être assez abondant, si l’on en juge par le grand nombre de fragments qu’on en a trouvés dans l’estomac des truites prises à une grande profondeur. 11 présente cette particularité intéressante que c’est plutôt une forme d’eau salée que d’eau douce.

Parmi les petits crustacés, le docteur Stimpson découvrit trois espèces de crevettes d’eau douce, du genre Gammarius, et un Mysis, genre marin qui se rencontre abondamment dans les océans du Nord, Une petite coquille, recueillie avec les crustacés dans l’estomac des poissons blancs, se trouva être une espèce nouvelle de Pisidium.

Une expédition de dragage, organisée à la suite de ces découvertes, obtint des spécimens vivants des mêmes crustacés ; mais ces animaux, organisés pour subir la pression considérable de plus de 100 mètres d’eau, mouraient en quelques heures lorsqu’ils y étaient soustraits.

La faune des profondeurs du lac Michigan se résume ainsi jusqu’à présent :

Satmo amethystus, Mitchel.

Coregonus sapidissimus, Agassiz.

Coregonus lattor, Agassiz.

Argyrosornus limji, Gill.

Argyrosomus nigripinnis, Gill.

Triglopsis Tfiompsonii, Girard.

Gammarius Hoyi, Stimpson.

Gammarius brevistihts, Stimpson.

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