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Page:La Nature, 1874, S1.djvu/191

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N° 38. 21 FÉVRIER 1874.
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LA NATURE.

Gammarius fûicornis, Stimpson.

Mysis diluvianus, Stimpson.

Pisidium abysomus, Stimpson.

On y a trouvé également une espèce de sangsue parasite sur le poisson blanc, et un petit Ptanaria de couleur blanche.

La découverte de formes marines (Mysis et Triglopsîs ) prouve, que le lac Michigan était autrefois salé, et qu’il communiquait avec l’Océan. Eu s’élcvani graduellement au-dessus de la mer, il a dû mettre do longues aimées à perdre son eau salée, qui restait au fond en vertu de sa pesanteur spécifique. Les animaux ont donc pu s’accoutumer insensiblement à ce changement de milieu. Il est possible, d’ailleurs, que cette modification ait été rendue encore plus lente par l’existence, au fond du lac, de sources salées (il existe des couches salifères dans la Michigan). Peut-être même l’eau est-elle saumâtre, maintenant encore, à de grandes profondeurs. L’imperfection des appareils n’a pas permis de vérifier cette conjecture.

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LA GÉOGRAPHIE EN -1873

La Société de géographie a tenu sa cinquantetroisième séance publique annuelle do fin d’année le 20 décembre 1873, sous la présidence du vice-amiral baron de la Ronciôre le Noury. La séance a été remplie par trois lectures fort intéressantes. La première a été celle du secrétaire do la Société, M. Charles Maunoir, sur les Progrès de la géographie en 1873, nous allons la résumer ; la seconde celle de M. Denis de Rivoire, sur Jules Poucet et les explorations françaises dans la région du haut Nil, la dernière, celle de M. l’ingénieur Louis Simonin sur les Relations de l’Italie avec la Chine par terre, au moyen âge.

M. Maunoir a d’abord analysé les travaux relatifs à la géographie historique ; il a indiqué les Études de M. Chabas sur l’Antiquité historique d’après les sources égyptiennes et les monuments réputés préhistoriques, dans lesquelles il a nettement constaté qu’en Egypte, en Phénicie et chez les peuples Italo-Grecs (Étrusques et Pélasges), l’âge de pierre a coexisté avec une époque où le travail des métaux avait atteint déjà un assez grand degré de perfection.

En même temps que la science, impartiale et sereine, réagit contre les exagérations sur l’antiquité humaine où les géologues s’étaient laissé entraîner par l’opiniâtreté des computistes bibliques, elle rend une équitable justice à chacun. Si Christophe Colomb garde la gloire d’avoir découvert, à travers tous les obstacles moraux et matériels, l’Amérique méridionale et les Antilles, Lief, le fils d’Eric le Rouge, qui vivait au commencement du onzième siècle, paraît déplus en plus être le véritable découvreur de l’Amérique du Nord, ainsi qu’il résulte des nouvelles recherches de M. Major.

M. Maunoir a résumé en quelques mots les cam-

pagnes entreprises depuis plusieurs années pour l’exploration du fond de la mer à l’aide de la drague, de la sonde et du thermomètre. Nous commençons à entrevoir les dispositions générales de l’orographie sous-marine et les cartes cessent peu à peu de représenter les mers par une surface unie sans aucun détail. Ce n’est, que depuis quelques années que l’on a inventé les appareils nécessaires pour observer la température et rapporter des échantillons des fonds sous-marins. Les études pour la pose des cibles électriques ont été le point de départ de ces recherches, continuées ensuite dans un but exclusivement scientifique par Agassiz avec le Bill en 1867, avec le llassler en 1 868 ; par Willam Carpenter avec le Lightning en 1868 ; le Parcupine en 1869 et 1870 ; le Schearwater en 1871, et enfin par "Wyville Thomson avec le Challenger en 1873. Ce navire, dont la Nature a longuement parlé, a opéré le dragage le plus profond qui ait encore été effectué, il a rapporté un échantillon du sol océanique recueilli à 5,748 mètres au-dessous de la surface. L’appareil ne remonta dû cette profondeur qu’une impalpable boue de couleur brun foncé. Une journée et demie est nécessaire pour un dragage, car la drague ne pèse pas moins de 15,000 kilogrammes. »

Abordant la cartographie, l’érudit sociétaire de la Société de géographie nous a appris que le Dépôt de la Marine a publié jusqu’à présent 3,28ii cartes, dont 180 en 1875-. Quant au Dépôt do la Guerre, il poursuit la publication do la carte de Franco à l’échelle du 80 millièmes. Sur 2 74 numéros, dont 9 pour la Corse, composant la carte, il n’en reste plus que 10 à publier, et sur ce nombre 6 vont être mis en vente. Cette grande œuvre commencée en 1833 pourra être terminée en 187G. Nul ne sera plus étonné de savoir que quarante-quatre ans seront nécessaires pour l’édification de ce monument cartographique quand on saura que, non-compris les levés sur le terrain, seulement le dessin et la gravure sur cuivre do chaque feuille exige un travail de sept à dix années. Ou a entrepris ou 1875 la révision générale de toutes les feuilles de la carte pour y introduire les changements topographiques tels que défrichements, dessèchements, constructions d’édifices, de routes, de railways, survenus depuis l’exécution des lovés. Chaque feuille de la carte sera revue, espère-t-on, tous les dix ans. Outre la carte gravée sur cuivre on a commencé à reporter sur pierre chaque feuille pour la publication d’une édition populaire à prix réduit, Le succès a dépassé les espérances, car, tandis que l’on n’avait vendu en 1869 que 24,000 fouilles do la carte du France, on 1875 on en a vendu de 99,000 à 100,000.

Les officiers d’état-major ont continué les opérations géodésiques en Algérie. Us ont déterminé la hauteur de la montagne la plus élevée de l’Aurès et de toute l’Algérie, le Djebol-Chélia, qui atteint 2,328 mètres. Au contraire, d’après les mêmes déterminations, la dépression connue sous le nom de Choltmel-R’hir se trouve à 27 mètres au-dessous du ni-

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