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Page:La Nature, 1874, S1.djvu/192

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LA NATURE.

veau de la mer à son bord occidental, et, comme elle s’abaisse vers l’est, on estime que le Chott-Sillem, qui fait suite dans cette direction au Chott-Mel-R’hir, doit se trouver à 42 mètres en contre-bas de la Méditerranée, ce qui ne l’empêche pas d’être à scc quand les eaux pluviales qui s’y rassemblent ont été évaporées par le soleil d’été. Une expédition militaire en Algérie, intéressante pour les sciences géographiques, cst celle du général de Galiffet qui a conduit une colonne, à travers le désert, d’Ouragla à El-Goléâ, à 307 kilomètres au sud-ouest.

Cette expédition, bien qu’arrêtée à El-Goléâ, a étendu notre influence bien au delà, jusqu’à In — Çalah, dans l’oasis du Touât, à moitié chemin d’Alger à Timboctou.

Le voyage le plus remarquable achevé en 1875 est celui du docteur Gustave Nachtigal, ambassadeur de l’empereur d’Allemagne auprès du sultan de Bornou.

Ce voyageur a parcouru, à l’est du lac Tsâd, des régions complétement inconnues. La distribution des pentes, et par suite celle des eaux, présente en Afrique un aspect tout particulier ; ainsi, au nord-est du Tsâd s’étend une riche, longue et sinueuse vallée qui a son point le plus élevé sur la rive du lac et s’abaisse vers le désert. Cette vallée dont les eaux s’éloignent du lae pour couler vers le Sahara et s’y évaporer sans remplir aucun bassin lacustre forme le pays de Fédé ; un élargissement de cette gorge est le pays de Tangour, enfin le lit du Fédé se perd en s’évasant dans la dépression du Bâteli, située à 100 mètres au dessous du lac Tsad. La carte de cette région singulière rappelle positivement celle de certaines parties de la lune, comme on peut s’en assurer en comparant une figure à grande échelle de notre satellite, avec le croquis très-exact que nous devons à l’extrême gracieuseté de la Société de géographie.

[Image à insérer]

Toutes les contrées s’ouvrent et se civilisent peu à peu : le Ouâdaï était toujours resté inaccessible, les voyageurs qui avaient osé en franchir les frontières, Vogel et de Beurmann, n’en étaient point sortis, on les avait assassinés. Un nouveau sultan a compris la nécessité des échanges commerciaux et a ouvert son empire aux étrangers, les protégeant par les lois les plus sévères contre le naturel farouche de ses sujets ; Nachtigal a profité de ce nouvel état de choses et, après avoir visité, le premier, le Kamen, le Fêdé, le Tangour, le Bà teli, le Borgou et le Tou, a traversé le Onadaï et est revenu par Karthoum, ayant parcouru du Bornou au Kordofan, 1, 700 kilomètres à vol d’oiseau de pays inconnus d’où nul Européen n’était jamais revenu. Chaque peuple apporte son contingent aux explorations africaines. M. Marno a reconnu le cours du Bahar-Zaraf, qui n’est qu’une branche, une anastamose du Nil blanc, de 220 kilomètres de développement.

Sir Samuel Baker a achevé sa célèbre campagne dans le bassin du haut Nil, laquelle a eu pour résultat d’y faire pénétrer jusqu’à l’Equateur les pre-