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Page:La Nature, 1874, S1.djvu/194

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LA NATURE.

est un unique et immense désert sans air, sans nuages et sans eau, en Afrique, comme en Australie, à côté, d’une région sauvage on trouve une localité bien arrosée. La principale découvert de Giles a été celle d’une grande lagune salée de 150 kilomètres de long (deux fois la dimension du lac de Genève), enfoncée de plus de 220 mètres au-dessous des plateaux environnants. Ce grand chott, analogue, à ceux de l’Algérie, a reçu le nom de lac Amédée. L’expédition a parcouru plus de 2,000 kilomètres.

M. Maunoir a terminé par l’historique des voyages arctiques dont la Nature a souvent parlé ; nous n’en indiquerons que quelques détails. — Trois expéditions principales étaient engagées en 1872-75 dans les glaces polaires : l’expédition autrichienne de Payer et Weyprecht était, à la fin de l’été de 1872, au nord de la Nouvelle-Zemble ; depuis on attend de ses nouvelles.

L’expédition suédoise de Norrienskiold a principalement visité la terre du Nord-Est au Spilzbcrg, à pied et en traîneau, sur une étendue de 000 kilomètres. Cette campagne scientifique, est la cinquième que les Suédois entreprennent depuis quinze ans pour l’exploration du Spitzberg ; elle a démontré de nouveau la grande difficulté d’atteindre le pôle en traîneau ; en l’essayant, on a constaté que souvent, par suite de l’état et du mouvement de la banquise vers le sud, on n’avançait effectivement vers le pèle que de huit cents mètres par jour, quelquefois même moins ! Les navires suédois étaient de retour à Tromsoe le 6 août 1873.

M. Nordenskiold et l’expédition américaine de Hall ont reconnu en revanche que, par les plus grands froids et les plus hautes latitudes, il reste des étendues de mer libres et, qu’en profitant des tempêtes qui disloquent les glaces, la navigation peut être parfois tentée en plein hiver. Le résultat le plus remarquable du voyage de Hall a été d’atteindre la latitude extraordinaire de 82° 16, dans le canal Robeson au nord du Smith-Sound. De 1616 à 1852, de Baffm à Inglefleld, les Anglais n’ont pas dépassé 78° 28’ dans l’Amérique arctique. Au contraire, dans le Smith-Sound et ses prolongements septentrionaux, les Américains, plus heureux que les Anglais, étaient déjà parvenus, en 1854, à 80° 40’au cap Constitution (Murtnn, lieutenant de Kane), et en 1801, à 81° 35’ au cap Liébcr (Ilaycs).

Hall a définitivement reconnu que la fameuse mer de Kano n’était qu’un évasement du Smith-Sound, comme on le voit sur la carte que la Société de géographie a bien voulu nous autoriser à reproduire.

Les États-Unis, et même d’autres nations américaines, ne se distinguent pas seulement par les découvertes géographiques, elles exécutent ou préparent de vastes entreprises destinées à faciliter les communications. Sans se laisser rebuter par les difficultés techniques, incomparablement plus grandes nue pour le canal de Suez, les Yankees poursuivent avec persévérance l’étude du canal Centre-Américain ; avant reconnu l’impossibilité pratique d’ouvrir une

route aux navires à travers l’isthme de Darieu, en Colombie, ils ont étudié le percement de l’isthme de Téhuantopec, au Mexique. L’œuvre a été reconnue possible:le canal à écluses serait alimenté par la rivière Gotzacoalco, il aboutirait sur l’Atlantique au port de ce nom, et sur le Pacifique à ceux de Ventoza et de Salina Cruz; son point culminant serait à 230 mètres au-dessus de la mer.

L’esprit industriel et pratique des Américains ne les laisse cependant pas indifférents aux beautés de la nature. Tandis qu’en France on a mutilé jusqu’en ces derniers temps les arbres et les rochers de la forêt de Fontainebleau, la législature de Californie a déclaré l’Yosemitevallcy « parc national », et a ordonné que l’on ne touchât point à ses séquoia git/antea et au sol, qui pourtant contient, non du grès comme à Fontainebleau, mais de l’or. Le Montana a suivi l’exemple de la Californie, et le congrès fédéral a décidé qu’une superficie de 3, 578 milles carrés, sur les bords merveilleux du Yellonstoue river, seraient conservés sans être défrichés à titre de curiosité naturelle. Espérons que nous ne serons pas plus barbares que les Américains, et que les efforts persévérants du vieux Dcnecourt, le bon Sylvain, et du Comité artistique de protection de la forêt de Fontainebleau la feront enfin considérer aussi comme un « parc national. »

D’autres travaux publics remarquables sont à l’étude dans l’Amérique méridionale. Le Chili a fait étudier le tracé d’un chemin de fer qui réunira Santiago à Rueuns-Ayrcs en traversant les Andes à la passe de l’ianrhon, élevée de 2,500 mètres, Mais, dès aujourd’hui, ! alaeoniotie franchit déjà cette chaîne. Le Pérou vient d’inaugurer le chemin de fer de Mollendo à Puno, par Arequipa, qui s’élève sur la Cordillère des Andes, à 4, 270 mètres, c’est-à-dire aune hauteur double de celle de l’ancien chemin de fer à trois rails du mont Cenis, presque à deux fois l’altitude maxima du Transcontinental américain (qui franchit les plateaux des montagnes Rocheuses, à la cote de 2,508 mètres), et à quelques centaines de mètres seulement au-dessous de la couche atmosphérique qui baigne la pointe du mont Blanc.

Ce railway se distingue par un autre trait frappant: il enjambe la gorge de Verrugus, sur le viaduc le plus élevé qui soit au monde; il a près de 90 mètres au-dessus du fond de la vallée.

Cette année (1874), sera inauguré dans le même pays le chemin de fer du Callao à la Oroya, qui traversera les Andes à une altitude un peu plus élevé encore : 4,649 mètres, plus de deux fois et demie la plus grande hauteur du chemin de fer du Righi.

C’est ainsi que nous voyons l’homme conquérir peu à peu toute la surface du globe ! Ch. Boissay.


CHRONIQUE


La guerre des Ashantis. — Pour subvenir, ius besoins de l’année dans le pays des Ashantis, les Anglais vien-