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Page:La Nature, 1874, S1.djvu/195

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N° 38. 21 FÉVRIER 1874.
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LA NATURE.

nent de faire construire d’immenses appareils distillatoires au cap Corse, dans le butdese procurer de l’eau douce, tirée d’un des étangs voisins de la ville. Les appareils peuvent produire un assez grand nombre d’hectolitres pour les besoins de la garnison et des habitants qui reçoivent tous une ration militaire. Pour aérer l’eau, on la fait successivement passer dans onze réservoirs, dont chacun possède une capacité de deux à trois hectolitres. Avant de la boire on la filtre encore. La bonne qualité de l’eau réservée pour la boisson est la condition la plus importante à remplir pour empêcher les Européens de tomber victimes des maladies qui les déciment dans ce climat meurtrier. La guerre des Asluntis, comme on le dit généralement de l’autre côté du détroit, est avant tout une guerre de docteur. Comme le Tait remarquer the Lancel de Londres, l’époque des dangers approche, et l’expédition aura manqué son but si Coomassie n’est point pris vers le commencement d’avril. En effet, la température commencera à devenir tout à fait insupportable pour une armée européenne. Parmi les précautions remarquables recommandées par le généralissime britannique, nous devons citer la publication d’ordres du jour réglant les ablutions des pieds et des mains avec une ponctualité dont des musulmans seraient jaloux. Nous ne passerons pas non plus sous silence rétablissement d’un navire-hôpital, dont l’usage aura certainement les plus heureux effets, car l’air de la mer est plus facile à supporter que celui du sol ; la création d’un hôpital permanent à Madère, et enfin de profondes modifications dans l’uniforme des soldats, qui ont une sorte de voile sur les épaules et sur la tête.

Le linolenm. — Il y a quelques années, on a fait usage d’une étoffe nouvellement inventée, le camplulicon, servant pour tapis, pour grands tapis surtout. La bibliothèque du British Muséum, à Londres, possède un immense tapis de ce genre. Cette invention était fort à sa place dans les salles des bibliothèques, où il s’agit de supprimer toutes les causes de bruit et d’assourdir les piis. L’étoffe dont nous parlons a l’apparence du caoutchouc. On l’obtient, paraît-il, en comprimant fortement les déchets de liège réduits en poudre et imbibés de vieille huile de lin.

Mais on s’est aperçu que le camptulicon n’offrait pas une résistance suffisante, et que des déchirures s’y produisaient fréquemment. Nous voyons qu’aujourd’hui cette étoffe est remplacée par une autre qu’on appelle le linoléum, qui est basée sur les mêmes principes, avec cette différence que le mélange dont il est question, toujours fortement comprimé ou passé au rouleau, repose sur une couche imperméable de toile grussière, et par conséquent présente une plus grande solidité, sans compter que le linoléum est, comme nous l’avons dit, imperméable, et qu’on peut le halayer ou le laver sans inconvénient.

(Chronique de Vindustrie.)

Les Eaux du lac artificiel de Chnrenton.

On a créé depuis quelques années, à Charenton, pour l’annexer au bois de Yinceûnes, un lac d’une certaine importance. U est alimenté par une très-forte colonne d’eau refoulée sur le plateau de Gravelle par les machines du canal Saint-Maur. Jusqu’ici les eaux tres-abondantes sortant de ce lac étaient sans utilité, et l’on a résolu de les recueillir dans une grande conduite en fonte pour les amener à Paris par la porte de Reuilly. Elles rencontreront, rue de Bercy, la conduite des eaux d’Ourcq, et leur mélange améliorera certainement la qualilé si médiocre des eaux de l’Ourcq qui sont distribuées dans tout co quartier.

— (Annales industrielles.)

Guérlsun instantanée du mal de dent. — Un dentiste américain, M. Henry Reynold, de Baltimore, assure qu’il a trouvé un remède arrêtant immédiitement les maux de dents les plus violents. Il suflirait, d’après ce praticien, d’introduire dans la cavité de la dent gâtée !’, 15 d’acétate de plomb. Après une minute environ, une salivation abondante se produit, on crache à plusieurs reprises et on est guéri. Nous nous garderons de garantir l’efficacité de ce remède, ne l’ayant pas expérimenté ; mais si quelque lecteur a jamais une rage de dent, il pourra le mettre en pratique. Qu’on prenne garde cependant de ne pas avaler le sel de plomb qui, introduit dans les voies digestives, causerait un empoisonnement plus ou moins grave,



ACADÉMIE DES SCIENCES


Séance du D février 1871. — Présidence de M. Bcnnuxn,

Élection de candidats. — La mort de M. Coste a laissé vacante la chaire d’embryogénie comparée du Collège de France. 11 s’agit d’y pourvoir et pour cela l’Académie des sciences doit présenter, au choix du ministre, une liste de deux candidats. C’est à la confection de cette liste qu’on va procéder aujourd’hui. Les savants qui en feront partie sont eu ce moment des candidats de candidats, des candidats au carré si vous voulez. Il faut dire que lundi dernier, après l’expulsion du vulgum pecus, les sections compétentes ont déjà présenté à la discussion de toute la docte assemblée une liste de deux personnes, savoir : en première ligne, M. Balbiani ; en seconde ligne, M. Gerbe.

C’est donc sur cette liste qu’il faut voter et, de peur de simplifier les choses, on en fera l’objet de deux scrutins successifs. Il faut d’abord nommer un premier candidat ; puis cela fait en nommer un second.

1" acte:votants 49. M. Gerbe {le second sur la liste), obtient 2u suffrages ; M. Balbiani, 25; M. Darcste, 1.

2" acte:votants 51. M. Balbiani réunit 35 voix ; .V. Dareste, 11; il va deux bulletins blancs.

On dit que l’échec de M. Balbiani, propose en 1" ligne et admis en seconde atteint la même partie de l’Académie (le même parti si l’on veut) que celui éprouvé l’autre jour par M. Sléphan.

Nouveau manomètre. — Il est des savants qui ont la main particulièrement heureuse. M. Cailletet est du nombre ; chacun de ses mémoires contient un point frappant. 11 étudie aujourd’hui l’effet de ! a compression sur des ballons en verre(c’est de la physique pure), et il en résulte un nouveau manomètre (c’est une révolution industrielle).

L’auteur commence par montrer que la même pression ne produit pas le même effet quand, appliquée au même vase de verre, elle agit de dedans au dehors, ou au contraire de dehors en dedans. Mettez de l’eau dans un ballon do verre et essayez de comprimer à 120, 200, 500 atmosphères ! ou plutôt n’essayez pas si vous ne tenez pas à fabriquer du verre cassé. Au contraire, le vase plein d’eau soumis en dehors à cet effort considérable résiste parfaitement. Eu même temps, le liquide qu’il contient, chassé dans le col, s’élève comme le mercure contenu dans la tige d’un thermomètre qu’on échauffe. Ce n’est pas tout, la hauteur de l’ascension est exactement proportionnelle à la compression exercée ; celle-ci cessant, le vase reprend sa forme primitive et la liquide son niveau initial. L’appareil constitue donc, comme on voit, un nouveau manomètre, et le plus simple de tous, le plus précis • un vrai thermomètre de la pression.