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LA NATURE.

l’atmosphère où il se propage est plus près du point de saturation. »

La formation, la persistance et la translation des cyclones dépendent donc non-seulement des conditions relatives aux mouvements mécaniques de l’atmosphère, mais encore de ses conditions thermales et hygrométriques. Cette théorie rend également compte des pluies abondantes qui accompagnent les tempêtes. Ce n’est qu’après que le point de saturation est dépassé que le travail correspondant au mouvement ascensionnel devient moteur. La quantité de pluie versée est la différence entre la proportion de vapeur d’eau contenue dans l’air au moment où il est aspiré par la tempête, et celle qu’il conserve au moment où il est rejeté dans les régions supérieures de l’atmosphère tranquille. La hauteur à laquelle s’étend la tempête étant généralement assez grande, l’air est rejeté dans les hautes régions à une température plus basse de 20 à 30 degrés que celle de l’air pris dans les régions inférieures, et ne peut retenir par suite que le tiers, le quart ou une fraction plus petite de sa vapeur d’eau primitive, ce qui explique les abondantes averses qui surviennent si souvent. Une dilatation considérable de l’air par laquelle la vitesse de l’afflux ascendant est puissamment renforcée, provient aussi du dégagement du calorique latent résultant de ces pluies.

Il y aurait à expliquer encore le mouvement de translation de la tempête à la surface du globe. Beaucoup d’auteurs qui ont traité des cyclones ont évité la difficulté en se contentant de considérer leur transport comme une simple conséquence de la circulation atmosphérique générale. Cette question a besoin d’être mieux étudiée, et il y a lieu de recommander des observations nouvelles, faites avec une grande exactitude, aux navigateurs qui rencontrent des tempêtes tournantes. Il y a là pour un hardi capitaine, possédant un solide bâtiment à vapeur, un sujet d’exploration dans lequel il peut rendre d’importants services à la science et à l’art de la navigation.

De récents travaux du bureau météorologique de Londres sont propres à corroborer les idées que nous venons de résumer sur la formation des cyclones. M. le capitaine Toynbee, chef de la section maritime du Bureau, a entrepris d’étudier successivement les différentes régions de l’Atlantique, à l’aide d’observations tirées des journaux de bord, en suivant la méthode de Maury, judicieusement modifiée dans quelques détails. Il s’est tout d’abord attaché à une région très-importante, le carré n° 3 de la division adoptée pour cet océan par M. Marsden. Compris d’une part entre l’équateur et le parallèle de 10° nord, de l’autre, entre les méridiens de 20° et 30°, ce carré est à peu près intermédiaire entre l’Amérique du Sud et l’Afrique ; deux fois par an le maximum thermal le traverse, et on peut suivre mois par mois la marche des alizés, la pression barométrique et les isothermes de la mer et de l’air sur les vingt-cinq carrés qu’il comprend ; l’alizé S.-E. pénètre dans le carré n° 5, tandis que, par suite du voisinage de la côte d’Afrique, l’alizé N.-E. assez peu prononcé dans la région, n’a sa pleine influence que dans le coin nord-ouest du carré, et se trouve si bien rejeté vers l’ouest qu’il se fait sentir sur la côte américaine jusqu’à la latitude du 4° sud. Pour arriver à des conclusions relatives au sujet qui nous occupe, nous marquerons sur la figure 2 les aires de haute pression A et B qui, d’après la carte des isobares moyennes construites par M. Buchau, secrétaire de la société météorologique d’Écosse, se trouvent sur les côtés polaires de la zone des vents alizés et les alimentent. La plus forte pression se produit dans le carré au mois de juillet, avec la prévalence des alizés S.-E. Le minimum de pression se trouve alors au nord, au-dessus des eaux les plus chaudes, et M. Toynbee fait remarquer que c’est dans cette situation que les circonstances sont les plus propres à la naissance des tempêtes tournantes. En effet les vents M et N se rencontrent perpendiculairement de manière à former des tourbillons, et les grandes quantités de calorique et d’humidité qui se trouvent dans la zone intermédiaire favorisent leur développement en cyclones. On constate que c’est bien à partir du mois du juillet que ceux des Indes occidentales commencent à paraître, et nous venons de pénétrer dans le principal laboratoire où ils prennent naissance.

F. Zurcher.

La suite prochainement. —


le
SYSTÈME NERVEUX ET L’ÉLECTRICITÉ
nouvelles hypothèses de m. a. h. garrod.

(Suite et fin. — Voy. page 1.)

Sortons du domaine des faits, et abordons les hypothèses avec M. A.-H. Garrod ; on ne peut nier, dit cet auteur, que des actions se manifestent dans le système nerveux, soit pour recueillir des sensations, soit pour transmettre des volontés ; quelle est la source de ces actions ? Telle est la question pour laquelle il pense avoir une réponse satisfaisante.

Il admet (ce n’est pas démontré jusqu’à présent), que ce sont des courants électriques qui circulent dans les nerfs, et il cherche l’origine de ces courants. Certains poissons, la torpille, le gymnote, le silure ont des appareils spéciaux destinés à produire de l’électricité ; mais, d’une part, chez ces animaux, ces organes ne constituent pas le cerveau et, d’autre part, il n’existe rien de semblable chez l’homme, les mammifères et les oiseaux, etc. ; la comparaison du cerveau à une batterie électrique n’est pas impossible, mais jusqu’à présent rien ne vient l’appuyer, il faut trouver autre chose.

Il importe de remarquer dès maintenant, que lors même que l’on n’admettrait pas l’existence de