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LA NATURE.

ture galvanique, employer un appareil qui règle automatiquement la durée de l’opération toutes les fois qu’on veut déposer, sur les objets à recouvrir, un poids fixé d’avance du métal précieux or ou argent. Cet appareil imaginé, par Roseleur, n’est autre qu’une balance disposée comme l’indique la figure ci-dessus.

À gauche, on voit l’appareil placé au-dessous du fléau, de manière que les objets à dorer ou à argenter soient supportés par ce dernier, lorsqu’ils plongent dans le bain. Une tringle horizontale, fixée à la colonne de la balance, porte d’un côté, l’anode soluble qui plonge dans le bain, et communique de l’autre avec le pôle positif de la pile. L’autre fléau porte un double bassin : dans le bassin supérieur on place une tare qui produit l’équilibre et maintient le fléau horizontal. Dans cette position, le courant ne passe pas, attendu que les tringles portant les objets qui doivent former le pôle négatif ne communiquent pas avec la pile. Mais si l’on place alors dans le second bassin de la balance, les poids marqués formant le poids du métal précieux qu’on veut déposer sur les objets immergés, l’équilibre est rompu, le fléau penche vers la droite ; une pointe métallique dont il est muni plonge dans un godet rempli de mercure relié au pôle négatif de la pile, et dès lors le circuit est fermé ; l’opération commence. L’opération dure, sans surveillance, tant que le dépôt n’a pas atteint l’excès de poids déterminé ; mais aussitôt que cette limite va être dépassée, l’équilibre se rétablit, le contact cesse, et le courant est interrompu.


CHRONIQUE

Encore une nouvelle comète. — M. Coggia, astronome à l’Observatoire de Marseille, a découvert le 10 novembre une comète, qui semble parcourir le même orbe que celle de 1818, découverte également à l’Observatoire de Marseille, par Pons. La période de cet astre serait de 55 ans, à moins qu’il n’ait passé une fois sans être aperçu auquel cas cette période serait réduite à 27 ans 1/2.

Dans son apparition de 1818 cette comète était assez brillante pour que l’on ait pu facilement l’apercevoir à l’œil nu. Contrairement à ce qui était arrivé pour la comète de 1811, les paysans attribuèrent à ce corps céleste beaucoup moins brillant, une influence néfaste. Ils le déclarèrent coupable des nombreux orages qui ravagèrent alors la France. Cette année, il est probable que la comète glissera inaperçue, si ce n’est des astronomes, cependant elle sera très-voisine de la terre à la fin du mois de novembre. Quoique le noyau ne soit pas destiné à nous rencontrer M. Le Verrier a recommandé aux correspondants de l’Association scientifique de France, de faire des observations pendant les nuits de la fin de novembre et du commencement de décembre.

Le savant astronome pense que le corps principal de la comète peut être accompagné de corpuscules situés à quelque distance et susceptibles d’êtres rencontrés. Ces matières célestes donneraient naissance à des apparitions d’étoiles filantes, si elles venaient à toucher les hautes régions atmosphériques.

La recherche des étoiles filantes pendant la nuit du 20 au 27 novembre, n’a produit aucun résultat, ce qui devait être puisque la comète Biela a passé l’an dernier.

Nouveau tremblement de terre dans le Midi. — Les trépidations du sol ont été depuis un an d’une fréquence extraordinaire. Le 26 novembre, un tremblement de terre a encore été ressenti à Toulouse à 4 h. 30 du matin. La secousse a été très-nette, mais elle n’a heureusement occasionné que de faibles dégâts, tels que carreaux brisés, vaisselles renversées de leurs étagères, etc.. À Bagnères de Bigorre, quelques tuyaux de cheminées sont tombés. À Périgueux, à Auch, à Bordeaux, les habitants ont senti une secousse à peu près à la même heure. L’atmosphère était partout lourde et très-chargée d’électricité, de nombreux éclairs apparaissaient à l’horizon, et le grondement d’un tonnerre lointain se faisait entendre.

Reliques de l’expédition de Franklin. — Le capitaine Potter, du baleinier le Glacier, affirme avoir découvert quelques débris de l’expédition Franklin dans les régions polaires. Le capitaine Potter quitta New Bedford (Massachusetts) le 18 juillet 1871, et resta absent pendant vingt-six mois, dont il passa la plus grande partie dans le voisinage du lieu où Franklin et ses compagnons abandonnèrent leurs navires. À Repulse Bay, une partie des Esquimaux vinrent pour faire le commerce avec lui. Il fut très-surpris de voir qu’ils lui offrirent en échange d’ustensiles de cuisine, des couverts d’argent, qu’ils déclarèrent avoir appartenu à l’équipage de Franklin. Ce sont deux grandes cuillers de table, deux grandes fourchettes à quatre branches, une cuiller à thé et une cuiller à sucre ordinaires. Tous ces objets sont d’un ancien modèle. Les indigènes disent qu’après avoir quitté leur navires, sir John et ses compagnons se divisèrent en deux bandes, dont l’une se dirigea vers la rivière Rouge (Red River) et l’autre vers le territoire de la compagnie de la baie d’Hudson. Ils disent aussi que sir John et ses compagnons ne moururent que par des causes naturelles. Le capitaine Potter croit qu’ils ont dit la vérité.

Phénomène géologique. — Un immense éboulement s’est récemment produit en Angleterre, à l’est de Withby. Les rochers qui protègent la côte, minés depuis longtemps par la mer, se sont écroulés sur une étendue de près d’une lieue ; les terres qu’ils soutenaient ont glissé jusqu’au bord de la mer ; le cimetière s’est trouvé transporté à plus de deux cents mètres ; l’église, située tout près de là, a été protégée comme par miracle, et n’a pas bougé de place.

Un centenaire. — Vendredi, 21 novembre, nous dit le Moniteur belge, est décédé à Moerzeke, près Termonde, le centenaire Joseph Joos, à l’âge de 103 ans, 6 mois et 15 jours. Ce vieillard avait conservé toutes ses facultés jusqu’au dernier jour ; l’oreille seule était devenue un peu dure. Il demeurait auprès de sa fille, âgée elle-même de 70 ans, et vivait d’une petite pension que lui payait le bureau de bienfaisance et des dons que lui faisaient ses nombreux visiteurs. Un des derniers curés de la commune a également dépassé l’âge de 100 ans.

Mesure de la force de projection des torpilles. — La photographie instantanée a été utilisée dernièrement sous la direction de M. le lieutenant Abney, dans des expériences militaires, où l’on voulait juger de la force de projection, obtenue avec des substances explosives de