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Page:La Nouvelle Revue, vol. 1, 1879.djvu/7

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et par la révolution, — ils émergèrent au-dessus de la masse encore oscillante et furent pour ainsi dire portés au gouvernement de la République. Les grands industriels, les grands ingénieurs, les grands financiers, les grands commerçants, produits spontanés des nouvelles couches sociales, jetés tout à coup dans l’arène parlementaire, regardent à cette heure le monde social comme Thalès regardait le monde physique, face à face ! Eux aussi, peut-être, vont découvrir le réel, caché jusqu’ici par l’entassement des traditions et par les chimères des cerveaux imaginatifs.

Ces hommes pratiques, — qualification vulgaire que la science sociale ennoblira, — s’aperçoivent que l’expérience des faits journaliers conduit à l’expérience des faits généraux, que le gouvernement de tous s’apprend par le gouvernement de quelques-uns, et que les travaux individuels préparent aux travaux publics. Formés au jour le jour, tout frémissants encore des battements de l’opinion qu’ils peuvent tâter à leur propre pouls, mêlés à la circulation des affaires, ils puisent la vie politique dans le jeu de l’organisme universel. Leur action, en s’exerçant, ne communique et ne reçoit que des impulsions normales ; car leur activité se règle au contact des autres activités.

N’est-ce pas dans l’accord perfectible ou plutôt dans le développement coordonné des initiatives individuelles, mêlées à la puissance régulatrice d’une société, que se démontrent les progrès ?

L’Angleterre, l’Allemagne, dans notre vieux monde, nous donnent le spectacle de certains progrès par l’ordre dans le mouvement ou par l’accumulation des forces. Mais leur système gouvernemental crée des obstacles à la marche en avant de ces corps sociaux tout entiers. Si nous nous appliquons à le vouloir, favorisés, soutenus par nos