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Page:La Nouvelle Revue, volume 102 (septembre-octobre 1896).djvu/67

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LES COMÉDIES DE CORNEILLE


I

On n’a guère étudié les comédies de Corneille, qui furent les seules œuvres de sa jeunesse, et peu de gens ont pris la peine de les lire. Elles ne sont cependant point sans mérite et j’espère le faire voir. Il est vrai qu’elles sont tellement inférieures aux drames qui ont fondé la gloire du maître, que la postérité est dans son droit lorsqu’elle les ignore ou les oublie ; mais enfin je crois bon, sans protester, et sans rechercher en quoi que ce soit l’originalité d’un paradoxe, de les examiner avec quelque attention, parce que rien n’est indifférent, il me semble, dans les travaux d’un aussi grand homme. Comment et pourquoi, pendant les sept années de ses débuts, s’est-il obstinément attardé dans un genre qui n’était pas le sien ? Quelle est la valeur de ces pièces singulières et n’y rencontre-t-on point quelques-unes des belles choses qu’on aime toujours à recueillir ? Enfin la forme du style, les idées, les sentiments ne font-ils point pressentir le vrai génie du poète, et ne retrouve-t-on point dans cette évolution primitive un accent qui le révèle ? Autant de questions qui intéressent la genèse de Cinna et de Polyeucte, et que je voudrais éclaircir autant que possible en parcourant avec mes lecteurs ces ouvrages à peu près inconnus.